Améliorer la santé mentale dans plusieurs domaines fait partie des objectifs de développement mondiaux établis par l’OMS. Quelle place occupe toutefois ce sujet dans la stratégie des entreprises, alors que la pandémie a mis à rude épreuve le moral de la population ? Découvrez-le dans la deuxième partie de l’étude menée par Capterra.
Dans cet article
- Les entreprises françaises considèrent-elles la santé mentale comme un priorité ?
- À quels risques psychosociaux s’exposent les entreprises ?
- Quelles ressources d’entreprise sont plébiscitées par les employés pour leur santé mentale ?
- 46 % des employés sont en faveur de la flexibilité horaire
- La promotion des ressources de santé mentale : une opportunité à développer pour les RH
Mettre la santé mentale de ses employés au coeur d’une stratégie de développement fait partie de la politique de nombreuses entreprises : le passage à une semaine de 4 jours à l’image de la marque Desigual, ou la semaine de pause initiée par Nike pour permettre à ses salariés de prendre soin de leur santé mentale font partie des exemples d’initiatives menées en ce sens.
Une étude récente menée par la mutuelle Malakoff Humanis démontre l’impact important que peut avoir une fragilisation du bien-être mental des employés sur le fonctionnement des entreprises. Cette dernière souligne notamment une augmentation des arrêts des employés français entre janvier et mai 2021, en corrélation avec la crise sanitaire du COVID-19. Elle met également en avant que 19 % des congés maladies sont directement liés à des troubles psychologiques.
Comment les entreprises françaises sensibilisent-elles leurs employés au sujet de leur santé mentale ? Quels types de ressources et avantages sont mis en place sur le lieu de travail ? Les employés sont-ils satisfaits des mesures qui leur sont proposées ?
Après un premier article faisant état du bilan de la santé mentale des employés français, Capterra se concentre ici sur les politiques mises en œuvre par les entreprises dans ce domaine. Cette enquête a été réalisée auprès de 994 salariés français employés à temps plein ou à temps partiel, et ayant travaillé dans la même compagnie depuis janvier 2020. Une méthodologie complète est disponible au bas de cet article.
Les entreprises françaises considèrent-elles la santé mentale comme un priorité ?
Alors que les circonstances de la pandémie ont plus que jamais mis l’accent sur l’enjeu stratégique d’une politique tournée vers la santé mentale en entreprise, quel est le bilan effectué par le panel de notre étude ?
Si 56 % des employés interrogés estiment qu’à ce jour leur entreprise accorde à cette question une priorité moyenne à élevée, ils sont 44 % à indiquer qu’une priorité faible voire inexistante est donnée à ce sujet sur leur lieu de travail.
Entre confinements successifs fragilisant l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle, et incertitudes liées à l’évolution de la pandémie, répondre aux besoins des salariés en matière de santé mentale s’est avéré essentiel pour les entreprises. Si des sociétés françaises se sont spécialisées dans les solutions à apporter pour contribuer au bien-être psychologique des employés, dans quelle mesure les entreprises de l’hexagone proposent-elles des ressources en interne auprès de leurs salariés ?
D’après les réponses du panel de cette étude, les chiffres semblent confirmer le sentiment des salariés interrogés que leur santé mentale n’est pas une priorité. Seuls 19% des répondants affirment que leur entreprise offre des ressources en matière de santé mentale (comme un horaire de travail flexible, des conseils, des remboursements pour le bien-être, du yoga, etc.), tandis que près de 81% d’entre eux n’ont aucune politique dans ce domaine.
À l’heure où la santé mentale des employés est un enjeu de taille, offrir un environnement de travail sain et à la fois sécuritaire peut non seulement contribuer à la rétention de ses employés mais au pouvoir d’attractivité de l’entreprise pour de nouveaux candidats.
Pour s’assurer de proposer des programmes et bénéfices adaptés, recueillir l’avis de vos collaborateurs par le biais d’un sondage d’entreprise représente une première source d’information. Grâce aux données collectées, votre service de ressources humaines pourra obtenir une réponse sur l’adéquation des solutions proposées par rapport aux attentes des employés, mais également bénéficier des suggestions de ces derniers.
Observer la façon dont ces thèmes peuvent être abordés par d’autres entreprises sur les réseaux sociaux est également une source d’enseignement à considérer pour vous aider à bâtir votre stratégie.
À quels risques psychosociaux s’exposent les entreprises ?
Les conséquences des risques psychosociaux peuvent avoir un poids conséquent sur la santé non seulement physique mais aussi mentale des travailleurs. Ces derniers peuvent être regroupés selon différentes catégories comprenant :
- le stress rencontré sur le lieu de travail : il peut être lié à une surcharge en matière de tâches, mais également le sentiment d’un manque d’autonomie associé à des problèmes de micromanagement.
- les problèmes de violence internes : ces derniers concernent des violences rencontrées au sein de l’entreprise, tels qu’un environnement conflictuel ou des cas de harcèlement moral ou sexuel.
- les problèmes de violences externes : ces facteurs concernent les violences subies par les employés par des personnes externes à l’entreprise, à l’exemple de violence ou menaces proférées par des clients mécontents.
- l’épuisement professionnel : nommé également syndrome du burn-out, ce facteur est lié à un surmenage des employés, à une incapacité à faire face aux différentes missions qui leurs sont confiées.
Si ces risques peuvent affecter profondément les employés, ils sont également une menace pour le bon fonctionnement de l’entreprise. Avec la crise sanitaire, c’est par exemple le taux d’absentéisme qui a augmenté de 34 % en 2020 concernant l’ensemble des secteurs économiques, les risques psychosociaux étant considérés comme l a deuxième cause d’arrêts de travail pour les salariés français.
Parmi les personnes interrogées au sein de l’enquête Capterra, un impact visible sur la santé physique et morale des employés a été évoqué en lien direct avec leur travail ou leurs tâches professionnelles. Parmi les quatre conséquences principales mentionnées par ces derniers figurent :
- Des problèmes de sommeil (36 %)
- Une inquiétude constante (23 %)
- Un sentiment de tristesse (19 %)
- Des symptômes physiques, tels que des vertiges, tensions ou douleurs musculaires, problèmes d’estomac, douleurs thoraciques ou accélération du rythme cardiaque (18 %)
Comment les entreprises françaises sensibilisent-elles et informent-elles leurs employés ?
Selon des chiffres publiés par la Gazette de la Normandie en juin 2021, ils seraient uniquement un quart des salariés à estimer disposer d’une information suffisante sur les différentes maladies mentales et psychiques, quand 22 % considèrent disposer des ressource suffisantes pour réagir face à une situation de détresse de l’un de leur collaborateur (crise de panique ou crise suicidaire).
L’information et la sensibilisation autour de la question de la santé mentale reste l’un des premiers pas à accomplir pour les entreprises désireuses d’anticiper et prévenir les risques éventuels rencontrés par leurs collaborateurs.
Au sein du groupe de répondants dont les entreprises disposent de ressources mises en place par leur entreprise, ils sont une majorité de 43 % à indiquer recevoir des informations mensuelles sur les initiatives de santé mentale mises en place sur leur lieu de travail. 10 % d’entre eux cependant déclarent n’être jamais informés.
En ce qui concerne les moyens utilisés pour les informer, les principaux privilégiés sont les réunions en personne (41 %), les brochures et livrets imprimés (30 %) et les informations par email (27 %).
Si proposer des ressources de santé mentale est primordial, faire connaître leur existence auprès de vos employés l’est tout autant. Une section dédiée sur votre portail d’entreprise peut permettre à vos collaborateurs de disposer d’une ressource unique à laquelle se référer, tout en soutenant la promotion de vos initiatives. Elle peut également aider vos managers et services de ressources humaines à fournir des réponses adaptées sur les éventuelles questions de santé mentale qui leur sont adressées.
Les systèmes d’administration des avantages sociaux offrent également un espace dédié, consultable par les employés, où ces derniers peuvent identifier les bénéfices et avantages mis à leur disposition. De plus, ces outils donnent la possibilité aux administrateurs désignés, de gérer et mettre à jour les bénéfices proposés.
Quelles ressources d’entreprise sont plébiscitées par les employés pour leur santé mentale ?
Afin d’appuyer la santé mentale en milieu de travail, mesurer l’efficacité et l’adaptation des programmes et avantages mis à disposition des employés est essentiel pour les entreprises. Parmi les exemples de ressources proposées par ces dernières, lesquelles sont susceptibles d’avoir un impact sur le bien-être des employés ?
46 % des employés sont en faveur de la flexibilité horaire
Lorsque interrogés sur la question suivante, “En fonction de votre opinion, classez chacune des ressources suivantes offertes par l’entreprise selon leur valeur pour votre santé mentale”, l’avantage de la flexibilité horaire arrive en tête de liste. Ils sont 46 % à estimer cette ressource comme assez à très importante pour leur bien-être mental, contre seulement 24 % indiquant l’inverse.
Déjà initiée avant la pandémie par des entreprises telles que Netflix (article en anglais), et adoptée par de plus en plus d’entreprises françaises, la mise en place d’horaires flexibles peut présenter en effet plusieurs bénéfices pour les employés. Outre celui de pouvoir adapter ses horaires de travail aux impératifs du quotidien, cet avantage est également un vecteur d’autonomisation des salariés dans la gestion de leur charge de travail. Ce principe peut donc aider à décroître les risques de stress des salariés tout en favorisant leur engagement.
Ce bénéfice devance celui des journées dédiées à la santé mentale ou de journées personnelles, jugées comme assez à très importante par 35 % des employés, quand toutefois 32 % d’entre eux les classent comme peu voire sans aucune importance pour leur santé mentale.
Parmi les ressources désignées comme les moins impactantes par les personnes interrogées, soit avec le plus fort taux de réponses les indiquant comme avec peu et sans aucune importance figurent :
- l’assistance comptable avec l’option d’un agent fiduciaire (47 %)
- l’accès à un service de plaintes (43 %)
- l’accès à une série de ressources en ligne (42 %)
Les événements sociaux virtuels contribuent-ils au bien-être au travail ?
En raison des mesures de distanciation physique, la pandémie a également été un facteur d’isolement pour certains salariés. Si ce contexte de crise sanitaire a pu compliquer la tenue d’événements physiques, il a toutefois donné lieu à des exemples d’événements virtuels permettant de maintenir la cohésion et le lien entre les collaborateurs, tels que des apéritifs virtuels d’entreprise.
Cependant, lorsque interrogés sur la fréquence à laquelle des événements sociaux sont proposés par leur lieu de travail, ils sont près de 59 % à indiquer qu’aucune activité de ce type n’est proposée par leur entreprise.
Pour les employés qui toutefois bénéficient de ce type d’initiatives, ils sont 49 % à considérer les discussions virtuelles autour d’un café comme assez à très importante pour leur permettre d’établir une relation avec leurs collaborateurs, contre 20 % faisant mention d’un sentiment inverse.
L’organisation de quizz virtuels est également jugée comme assez à très importante pour 38 % d’entre eux, alors que 29 % les considèrent comme peu ou sans aucune importance dans ce domaine.
Les événements physiques remportent toutefois une adhésion plus importante, telles que les célébrations en personne considérées comme assez à très importantes par 69 % des personnes bénéficiant d’événements organisés par leur entreprise, ou les expériences gastronomiques par 52 % des personnes interrogées faisant partie de ce même groupe.
Alors qu’une sortie de la crise sanitaire s’amorce mais que les précautions sanitaires restent de mises, la tenue d’événements sociaux hybrides mêlant présentiel et virtuel peut permettre aux entreprises d’élaborer des activités adaptées à destination de leurs employés.
Des outils spécifiques nommés logiciels pour événements hybrides sont ainsi conçus pour aider les entreprises à créer et organiser des événements sociaux faisant appel à des rencontres en personnes mais aussi à des composants virtuels.
La promotion des ressources de santé mentale : une opportunité à développer pour les RH
Si la pandémie a été source de nombreux enseignements, cette dernière a mis en avant l’importance capitale pour les entreprises de prendre soin de l’intégrité mentale et physique de leurs employés. Bien plus que de simples exécutants, les employés sont garants de la pérennité et des performances de l’entreprise : leur mal-être au travail peut avoir des conséquences importantes sur le plan non seulement humain mais aussi économique en affectant les activités opérationnelles.
Comme l’explique Gartner (article en anglais), les responsables RH ont un rôle primordial à jouer sur le plan du développement et de la promotion de la santé mentale au travail. En veillant à l’adéquation des programmes mis en place, mais également à leur application dans les pratiques managériales, ces derniers peuvent aider à créer un cadre propice à la prise en compte de la santé mentale dans l’environnement de l’entreprise.
Méthodologie :
Pour collecter les données de ce rapport, nous avons mené une enquête en ligne en février 2022 en deux volets regroupant la participation de 994 répondants. Les critères de sélection des participants sont les suivants :
- Résident français
- Âgé de plus de 18 ans et de moins de 65 ans
- Employés à temps plein ou à temps partiel
- Ayant travaillé dans la même entreprise depuis janvier 2020
- Travaillant dans une entreprise de 2 à 250 employés
- N’exerçant pas de fonctions de directeur/propriétaire
- N’exerçant pas en tant que stagiaire