La pandémie du COVID-19 a représenté un défi de taille pour de nombreuses entreprises, pour maintenir leurs opérations tout en préservant le bien-être de leurs employés. Quel est l’état des lieux de la santé mentale des Français en entreprise ? Découvrez-le dans cet article Capterra.
Dans cet article
- La santé mentale en entreprise a-t-elle décliné depuis le début de la pandémie ?
- Quels facteurs de stress sur le lieu de travail sont susceptibles d’affecter le plus les employés ?
- Dans quelle mesure les employés se sentent-ils à l’aise pour évoquer leur santé mentale ?
- Comment les employés évaluent-ils le soutien reçu par leur direction ?
- Les entreprises se doivent d’investir dans la question de la santé mentale au travail
Si le syndrôme de burn-out n’était pas une notion nouvelle dans le monde de l’entreprise, la crise sanitaire a pu introduire de nouveaux défis quant à la santé mentale des salariés. Selon une étude d’Opinion Way menée du 31 mars jusqu’au 8 avril 2020, ils étaient près de 50 % des employés français à se trouver alors en situation de détresse psychologique.
Dans un contexte où la population s’est vue confrontée à de nombreuses restrictions, ainsi qu’à un climat sanitaire pouvant générer son lot d’inquiétudes, entreprises et salariés ont dû composer avec l’évolution de la pandémie pour gérer leurs activités : gestion de la vie privée et professionnelle en période de confinement ou de travail à distance, protocoles sanitaires en entreprise pouvant amener à des difficultés opérationnelles sont tout autant de facteurs ayant pu jouer sur le moral des entreprises et de leurs employés.
Comment la santé mentale des employés a-t-elle évolué depuis le début de la pandémie et quelles catégories de salariés sont les plus impactées ? Quels sont les paramètres qui peuvent provoquer leur inquiétude ? Leur lieu de travail leur permet-il d’accéder aux ressources nécessaires pour préserver leur bien-être psychologique ?
Voici les sujets qui sont abordés par cette étude réalisée auprès de 994 salariés français employés à temps plein ou à temps partiel, et ayant travaillé dans la même compagnie depuis janvier 2020. Une méthodologie complète est disponible au bas de cet article.
La santé mentale en entreprise a-t-elle décliné depuis le début de la pandémie ?
Si la crise sanitaire a pu occuper l’esprit de la population, cette problématique s’est également avérée centrale dans l’organisation des entreprises et la gestion de leurs employés. Ce contexte a non seulement pu impacter les processus opérationnels de nombreuses entreprises, forcées d’ajuster leurs activités aux contraintes de la pandémie, mais a pu leur imposer de nombreux défis pour maintenir l’équilibre psychologique de certains de ses collaborateurs.
Alors que les périodes de confinement se sont achevées, quel est l’état d’esprit des employés français ?
S’ils étaient près de 77 % des répondants à considérer leur santé mentale comme bonne à excellente avant la pandémie, ils n’étaient que 49 % à en penser de même au cours de l’année 2020. Quand il est question de la situation actuelle, 53% des employés déclarent que leur santé mentale est bonne ou excellente à ce jour.
À l’inverse, une croissance quant au nombre de personnes décrivant leur santé mentale comme mauvaise à très mauvaise peut être observée : ils étaient 4 % à partager cet état d’esprit avant la pandémie, contre 15 % en 2020, et 16 % en février 2022.
À la question concernant l’évaluation de leur niveau de stress au travail par rapport à l’année dernière, ils sont une majorité de 56 % à connaître un niveau de stress équivalent, 19 % s’avérant même plus stressé à ce jour que l’année passée. Une amélioration notable est cependant observée pour une partie des salariés interrogés, 25 % déclarant noter une amélioration de leur niveau de stress au cours de l’année écoulée.
Lorsqu’il est question de la répartition des employés en fonction de leur sexe, il s’avère que les employées fémimines sont celles connaissant un niveau de stress plus élevé : elles sont ainsi 21 % à se sentir plus stressées que l’année passée, contre 12 % des hommes.
Lors de cette étude, les employés ont été également amenés à évaluer l’évolution de différents points pouvant impacter leur santé mentale au travail, du début de la pandémie jusqu’à ce jour, comme par exemple leur équilibre entre leur vie professionnelle et privée ou encore leur degré de satisfaction au travail.
D’un point de vue global, la plupart des points sont majoritairement considérés comme étant restés identiques. En prenant pour exemple leur évaluation de leur sentiment d’appartenance à la culture d’entreprise, ils sont 69 % à considérer cet élément comme identique, contre 20 % le considérant comme s’étant dégradé, et seulement 11 % ayant noté une amélioration.
À l’échelle de la distribution par sexe, les employées féminines semblent être plus négativement affectées dans la plupart des domaines. Par exemple, leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée s’est détérioré pour 17 % d’entre elles, contre seulement 12 % des employés masculins.
Conseils : Si le télétravail a pu permettre à certains employés d’améliorer leur qualité de vie au travail, il peut représenter pour certains et pour les entreprises des défis de taille : sentiment d’isolement par rapport aux autres collaborateurs, équilibre entre vie personnelle et privée, challenge d’intégration et du suivi des nouveaux employés en sont tout autant d’exemple.
Reconnaître le travail accompli par les salariés et récompenser leur mérite revêt donc une importance capitale pour engager ses derniers et favoriser leur motivation. Des solutions telles que les logiciels de satisfaction du personnel peuvent notamment aider les collaborateurs de l’entreprise à se sentir valorisés et pris en considération par leur entreprise, en proposant notamment des systèmes de récompense ou encore de fidélisation.
Quels facteurs de stress sur le lieu de travail sont susceptibles d’affecter le plus les employés ?
De nombreux facteurs de risque pour la santé mentale peuvent être présents dans l’environnement de travail : qu’il s’agisse de l’organisation et du management de l’entreprise, ou encore de la potentielle pénibilité des tâches réalisées, plusieurs éléments peuvent peser sur le bien-être moral des employés en générant un stress conséquent. Des initiatives en matière de législation ont même été déployées pour prendre en considération cet élément, un accord du 21 janvier 2019 établissant le stress au travail comme l’un des risques psycho-sociaux pouvant nuire à l’intégrité physique et morale des employés.
Dans le contexte actuel, quels sont les facteurs de stress mis en avant par les employés ?
Parmi ceux mentionnés par les employés interrogés se détachent trois grandes tendances : l’augmentation de leur charge de travail (36 %), le manque de soutien de la part de leur manager (23 %), mais également des inquiétudes sanitaires liées à une possible infection du COVID-19 sur leur lieu de travail (22 %).
Dans quelle mesure les employés se sentent-ils à l’aise pour évoquer leur santé mentale ?
Si la question du bien-être psychologique se développe auprès des entreprises, comme en attestent les labels spécifiques dédiés à ce domaine, les employés considèrent-ils que leur management est suffisamment à l’écoute de leurs préoccupations ?
Sur l’ensemble des employés interrogés lors de notre étude, une majorité de 41 % se déclarent assez à très à l’aise pour faire part de leurs problématiques quant à leur santé mentale auprès de leur entreprise, contre 27 % partageant le sentiment contraire.
Si ces résultats laissent présager que le lieu de travail des Français est propice au partage d’informations quant à leur santé mentale, qu’en est-il en pratique pour ceux ayant franchi le pas de s’ouvrir de leurs problèmes auprès de leurs directions ?
Selon notre étude, ils sont près de 23 % à ne pas avoir parlé de leurs problèmes en raison d’une absence de sollicitation de la part de leur manager, quand 13 % ne se sont pas sentis suffisamment en confiance pour partager ce type d’informations auprès de leur direction.
Disposer d’une culture d’entreprise intégrant la considération bienveillance de la santé mentale des collaborateurs fait partie des paramètres pouvant influencer positivement le bien-être psychologique des employés. Toutefois, si les valeurs d’entreprise peuvent permettre de créer une base solide pour un échange ouvert et transparent sur le sujet, le corps managérial a également un rôle important à jouer sur la question.
Conseils : Favoriser une culture d’entreprise où les employés se sentent libres de partager leurs préoccupations en toute transparence est un élément clé dans la gestion des risques liés aux problèmes de santé mentale. Parmi les pratiques à considérer, mettre en place des réunions hebdomadaires par les managers pour s’assurer du bien-être des employés est une première option à considérer. Celle-ci peut être combinée à la présentation des ressources disponibles ainsi qu’à des pratiques RH adaptées qui peuvent ainsi contribuer à favoriser cet environnement.
Des solutions telles que le partage de feedback à 360 degrés anonymes, peut également aider chaque collaborateur à partager ses retours sur la façon dont ses difficultés sont prises en compte, et fournir des informations importantes sur les ajustements potentiels à envisager.
Comment les employés évaluent-ils le soutien reçu par leur direction ?
Répondre aux besoins des employés en situation psychologique délicate n’est pas chose aisée pour les entreprises. Les facteurs émotionnels mis en causes peuvent varier en fonction de chaque individu, et être influencés par des paramètres qui leur sont propres.
Si le corps managérial ne peut se substituer à un personnel de santé qualifié, ses actions et le soutien qu’il peut apporter en matière d’écoute et d’informations sur les ressources disponibles peut s’avérer prépondérant.
Les managers et les collaborateurs restent une ressource privilégiée
Lorsque consultés sur la question suivante “Si vous aviez l’impression que votre santé mentale se détériore, quel serait votre premier réflexe au travail ?”, les employés interrogés seraient près de 51 % à partager leur situation auprès d’une personne de l’entreprise. Parmi les personnes vers lesquelles ils pourraient se tourner, un manager (22 %) et un collaborateur (22 %) sont à parts égales des personnes ressources mentionnées, suivies par un représentant des ressources humaines (7%). Ils restent toutefois 38 % à conserver une certaine réserve sur le sujet, et à préférer faire appel à des ressources externes à l’entreprise.
Le facteur de proximité humaine semble donc ici un élément important à prendre en compte, ce dernier ayant pu être soumis à certains challenges lors de la pandémie, notamment dans le contexte du confinement et du travail à distance. Aux vues de ces chiffres, la façon dont la question de la santé mentale est gérée par les managers reste un critère d’importance pour les entreprises et ses salariés.
La satisfaction des employés varie en fonction de leur sexe
Sur les 994 employés de notre panel, 12 % ont indiqué qu’ils avaient parlé ouvertement de leurs difficultés à leur direction. Lorsqu’on a demandé à ce groupe ce que leur manager avait fait à la suite de cette communication ouverte, les trois premières réponses ont été une écoute active de la part de la direction (44 %), une invitation à prendre du temps libre (30 %) et une délégation ou une réduction des tâches assignées (26 %).
Ils sont cependant 18 % de ce groupe à mentionner que leur partage d’information n’a entraîné aucune action particulière, une situation rencontrée par 22 % des femmes contre seulement 8 % des hommes interrogés dans ce groupe échantillon.
Lorsqu’il est question d’évaluer l’utilité de la solution proposée par leur direction, une majorité de 75 % des personnes concernées indiquent avoir bénéficié d’une réponse adaptée : 34 % mentionnent une réaction jugée comme très utile, tandis que 41 % la juge comme assez utile.
Ici encore, des différences sont observables en fonction du sexe des employés. Si les hommes sont 10 % à estimer avoir reçu une réponse peu utile voire nuisible de la part de leur management, elles sont en revanche 34 % de femmes à déclarer de même.
Comme le spécifie Gartner au sein d’un article consacré aux 5 aspects ayant un effet sur le bien-être psychologique des employés (article en anglais), adopter une écoute personnalisée reste un point important à considérer par les managers : cette écoute contribue non seulement à déstigmatiser les problèmes de santé mentale sur le lieu de travail, mais c’est également grâce à ce procédé que les managers peuvent adopter un plan d’action sur-mesure afin de soutenir chacun des employés dans leur situation particulière.
Conseils : Afin de permettre aux managers et responsables de gérer la question du bien-être de leurs équipes, il est important qu’ils puissent bénéficier des connaissances et aptitudes pour savoir anticiper et réagir face à ce type de situations. Chaque cas de détresse psychologique d’un employé peut être lié à une variété importante de facteurs qu’il convient au responsable de prendre en considération pour fournir une réponse appropriée.
Pour les y aider, des formations spécifiques peuvent leur être consacrées, qu’elles soient en ligne ou sous la forme d’interventions sur site : techniques pour améliorer leur écoute, rappel des points légaux à prendre en compte, ou encore gestion sous forme d’ateliers présentant des cas d’étude sont tout autant de formules pour améliorer leur expertise.
Les entreprises se doivent d’investir dans la question de la santé mentale au travail
L’anxiété au travail et la lutte contre d’autres facteurs liés à leur santé mentale peuvent affecter non seulement les employés sur le plan émotionnel mais également avoir un impact négatif sur de nombreux domaines liés au travail.
C’est pourquoi œuvrer pour des changements qui favorisent le bien-être mental et se questionner sur ces pratiques est primordial pour les entreprises, les employés nécessitant plus que jamais du soutien de la part de leurs employeurs, comme le mentionne Gartner (article en anglais).
Quelles sont les actions privilégiées par les entreprises pour favoriser le bien-être de leurs employés ? Quelles sont celles plébiscitées par leurs salariés ? C’est ce que vous découvrirez dans un deuxième article à venir, basé sur cette même étude.
Méthodologie :
Pour collecter les données de ce rapport, nous avons mené une enquête en ligne en février 2022 en deux volets regroupant la participation de 994 répondants. Les critères de sélection des participants sont les suivants :
- Résident français
- Âgé de plus de 18 ans et de moins de 65 ans
- Employés à temps plein ou à temps partiel
- Ayant travaillé dans la même entreprise depuis janvier 2020
- Travaillant dans une entreprise de 2 à 250 employés
- N’exerçant pas de fonctions de directeur/propriétaire
- N’exerçant pas en tant que stagiaire