Rythmé par la prolifération des locations de biens de courte durée et une augmentation des loyers, le marché de l’immobilier en France connaît actuellement des tensions qui influent non seulement sur le quotidien des locataires, mais aussi des propriétaires et gestionnaires immobiliers. Face à des défis constants, comment ces derniers doivent-ils s’adapter pour satisfaire leurs locataires et en attirer d’autres ?
Dans cet article
La prolifération des locations de biens de courte durée a bouleversé le paysage du marché de l’immobilier en causant non seulement une pénurie de logements et une augmentation des loyers, mais aussi une surfréquentation touristique dans certaines métropoles et des nuisances sonores qui vont souvent de pair. Afin de limiter ces désagréments, des mesures de régulation du marché des meublés touristiques ont été introduites dans divers pays d’Europe, la France incluse. [1]
Dans le contexte actuel où les locations de courte durée ont mis à mal le marché de l'immobilier et tendent à être réglementées, il peut s’avérer important pour les propriétaires et professionnels de l’immobilier de revoir leur stratégie et de miser davantage sur les locations de longue durée. Pour ce faire, il leur est conseillé d’entretenir une relation de confiance avec les locataires, ceci pour non seulement les fidéliser, mais aussi améliorer leur propre réputation ainsi que leurs perspectives commerciales.
En plus de tirer profit de la technologie, à travers notamment l’usage d'outils de gestion locative, obtenir des informations actualisées sur la perception des locataires est donc primordial pour permettre aux gestionnaires de relever ces défis. C’est pourquoi Capterra a mené une enquête internationale à travers 12 pays, auprès d'un échantillon de 4 800 locataires, dont 400 Français.*
- L’augmentation des loyers est le principal défi des locations de courte durée : 42 % des locataires français sont préoccupés par la hausse des loyers induites par les locations à court terme ; 93 % de ceux qui sont au fait de cette pratique considèrent qu’elle a engendré une hausse des loyers dans leur quartier.
- Les locations à court terme ont détérioré la vie du quartier : 35 % au fait des locations de courte durée ont noté une augmentation des niveaux de bruit, 31 % signalent des problèmes de stationnement et 25 % pointent du doigt une insécurité.
- Une régulation des loyers est souhaitée tout comme des mesures de la part des gestionnaires immobilier : 40 % voudraient que des politiques de contrôle des loyers soient mises en place et 22 % attendent qu’on leur propose des remises pour versements de loyer en temps et en heure.
- La modernisation des biens à louer à travers la technologie pourrait justifier des loyers plus élevés : 19 % seraient prêts à payer plus leur loyer si des systèmes domotiques intelligents étaient installés.
Impact des locations de courte durée sur le marché immobilier et la vie de quartier
Le court terme à la racine de l’augmentation générale des loyers ?
L’augmentation des loyers que subit le marché de l’immobilier est l’une des conséquences de la prolifération des locations de courte durée. Les locataires que nous avons interrogés l’ont bien compris : ils sont 42 % en France à désigner cette hausse comme le plus grand défi que posent les locations à court terme pour les résidents permanents. Et ceci bien avant la préférence des propriétaires pour les locations de courte durée (désignée par 32 %) et la concurrence accrue de la part d’autres locataires intéressés (25 %).
Par ailleurs, 93 % des locataires sondés qui sont au fait de la problématique des locations de courte durée considèrent que cette pratique a, bel et bien, engendré une hausse des loyers dans leur quartier. Parmi eux, 54 % la jugent, toutefois, légère, quand 39 % font état d’une hausse importante.
Qu’elle soit perçue comme conséquente ou dérisoire, cette augmentation des loyers doit faire l’objet d’une réglementation, selon l’ensemble des locataires français sollicités pour notre enquête. Ainsi, 86 % sont “tout à fait” ou “plutôt” d’accord avec le fait que les locations de courte durée devraient être limitées pour stabiliser le marché immobilier et le rendre durable.
Le fait que le gouvernement prend actuellement des dispositions pour limiter leur propagation dans les grandes villes [1] peut donc apparaître comme une bonne nouvelle pour les locataires. Cependant, les propriétaires et les gestionnaires immobiliers ont aussi un rôle à jouer pour rassurer les locataires et leur proposer des solutions qui permettent de garantir leur bien-être. Pour ce faire, construire des relations étroites et durables avec eux peut être le bienvenu. Fidéliser les locataires peut passer par l’instauration d’une communication fluide où le prix est toujours abordé de manière transparente.
De plus, en visant la satisfaction des locataires à travers notamment des loyers au montant abordable et justifié, les gestionnaires immobiliers et les agences de location peuvent voir leur réputation en ligne s’améliorer.
Bruit, stationnement, sécurité : les effets délétères des locations courte durée
En plus d’une augmentation des prix, les locations à court terme affectent le quotidien et l’environnement du quartier selon les locataires sondés au fait de cette pratique. Parmi les plus cités figurent une augmentation du bruit (35 %), des problèmes de stationnement (31 %) et des problèmes de sécurité (25 %).
Des désagréments qui peuvent avoir un impact sur la qualité de vie pour nombre de locataires : 53 % sont “plutôt” d’accord pour dire que les locations de courte durée la diminuent quand 29 % en sont convaincus. C’est sans aucun doute également pour cette raison que nombre de personnes interrogées souhaiteraient qu’il existe une réglementation autour des locations de courte durée. En effet, 51 % sont “plutôt” d’accord et 34 % “tout à fait” d’accord avec le fait que les politiques devraient en limiter la prolifération dans les zones résidentielles.
Pour garantir une bonne qualité de vie et une vie de quartier conviviale, les gestionnaires immobiliers se doivent de prendre en compte ces problématiques et de veiller à proposer des infrastructures qui facilitent le quotidien des locataires. Cela peut passer par :
- l’insonorisation des logements et des parties communes,
- la mise en place d’un système de places réservées aux résidents pour les logements disposant de solutions de stationnement,
- le déploiement de systèmes de sécurité avec l’installation de caméras dans l’interphone.
L’entretien de ces infrastructures est primordial pour maintenir durablement le bien-être des résidents, et assurer par conséquent leur satisfaction et leur fidélisation.
Bonne qualité de vie et vie de quartier conviviale peuvent également être stimulées par l’organisation d’événements communautaires lors desquels les locataires pourraient échanger et développer une sentiment d’appartenance ainsi que par la récolte d’avis et d’idées qui leur permettraient de se sentir écoutés. Plus un locataire se considérera intégré et valorisé, moins l’envie de déménager sera exprimée.
Les autres défis du marché de l’immobilier
Augmentation des loyers : 75 % considèrent qu’elle a un impact sur leur niveau de vie
Alors qu’elle se confirme en 2024 [2], la question de l’augmentation des loyers, qu’elle soit le fruit des locations de courte durée ou non, peut devenir source de préoccupations pour les locataires. Comment ces hausses les affectent ? Que pensent-ils du montant de leur loyer ?
Quarante pour cent se disent mécontents du montant actuel de leur loyer quand 60 % en sont satisfaits. Même si plus de la moitié des répondants se retrouvent dans le leur, les prix de location élevés représentent l’un des problèmes les plus rencontrés par notre panel (30 %). De plus, 80 % font état d'une augmentation de leur loyer au cours des 12 derniers mois.
Et, il ressort de notre étude que la tolérance vis-à-vis de l’augmentation des loyers est minime. En effet, alors que 40 % jugent qu’une augmentation de 1 % à moins de 5 % est raisonnable, seuls 11 % valideraient une inflation de 5 % à moins de 10 % et seuls 8 % accepteraient une hausse au-delà de ce niveau. Une réticence à ce sujet de la part d’une partie non négligeable des sondés est même à souligner : 41 % affirment que les loyers ne devraient tout simplement pas augmenter.
Car des hausses peuvent avoir des conséquences dans le quotidien des particuliers. C’est ce que confirment une majorité de sondés : 75 % sont “plutôt” ou “tout à fait” d’accord avec le fait que la hausse des loyers a eu un impact significatif sur leur niveau de vie. Pour faire face à l’augmentation du loyer, certains sondés concernés ont pris des mesures, la plus récurrente étant de réduire toute dépense optionnelle (41 %). Aussi ont-ils fait des concessions.
32 % des locataires sondés voudraient bénéficier d’aides financières
Pour éviter ces désagréments, limiter l’inflation des loyers est pourtant possible selon les locataires sondés. Nombre d’entre eux considèrent, encore une fois, que le gouvernement doit prendre des dispositions, soit en mettant en place des politiques de contrôle des loyers (selon 40 %) soit en proposant des aides financières pour les locataires (32 %).
Cependant, sur cette problématique aussi, les gestionnaires immobiliers ont une carte à jouer. En plus de veiller à respecter les réglementations et à se tenir au courant de leurs actualisations, les professionnels peuvent :
- informer les locataires sur leurs droits,
- veiller à être transparents sur les augmentations de loyer (mesure souhaitée par 27 % des locataires),
- proposer des remises pour versements de loyer en temps et en heure (mesure souhaitée par 22 % des locataires),
- mettre en place des options de paiement flexibles (mesure souhaitée par 16 % des locataires),
- proposer des contrats à plus long terme (mesure souhaitée par 15 % des locataires),
- aider les locataires dans leurs demandes de subvention.
Un besoin de modernisation en contrepartie de la hausse des loyers
Dans le cas où la stabilisation des prix du loyer ne peut être garantie par les gestionnaires immobiliers, ces derniers doivent garder à l’esprit que toute hausse doit être justifiée pour fidéliser ou attirer les locataires. Moderniser les biens et investir dans les nouvelles technologies peuvent apparaître comme de bonnes raisons pour accepter un loyer plus élevé. En effet, même si 35 % ne souhaiteraient pas payer un loyer plus élevé malgré des options avancées, on constate que nombreux sont ceux à être disposés à débourser davantage, particulièrement pour des systèmes de sécurité avec télésurveillance (28 %), des systèmes de climatisation avancé (21 %) ou encore des systèmes domotiques intelligents comme l’éclairage intégré ou des serrures intelligentes (19 %).
Aussi les sujets relatifs à une sécurité optimisée et à un certain confort apportés par la technologie intéressent-ils une grande partie des sondés. Répondre à ces exigences, en installant des systèmes adéquats, peut être une option intéressante pour les professionnels de l’immobilier pour non seulement susciter la satisfaction des locataires, mais aussi obtenir un avantage concurrentiel sur le marché.
Pallier les effets de la crise du logement en favorisant le bien-être locatif
Afin de répondre efficacement aux problématiques soulevées par la crise du logement, les propriétaires et gestionnaires immobiliers se doivent de prendre en compte les préoccupations et préférences des locataires, et miser davantage sur les locations de longue durée.
Il est donc possible de relever les défis représentés par la location de courte durée et l’augmentation des loyers en se concentrant sur les actions qui permettent de garantir une accessibilité financière et le bien-être à long terme des locataires comme :
- respecter et suivre les réglementations en vigueur,
- informer les locataires de leurs droits,
- être transparent sur les prix des loyers et justifier tout montant élevé,
- doter les biens de technologies avancées et d’outils intelligents en contrepartie d’un loyer plus élevé,
- proposer des remises pour versements de loyer en temps et en heure,
- mettre en place des options de paiement flexibles,
- proposer des infrastructures qui facilitent le quotidien des locataires et les entretenir,
- stimuler une vie de quartier conviviale à travers l’organisation d’événements,
- sonder régulièrement les locataires sur leurs préférences et les problèmes rencontrés.
Méthodologie
*L'enquête “Tenant experience 2024” de Capterra a été menée en juin 2024 auprès de 4 800 répondants aux États-Unis (n=400), au Canada (n=400), en Inde (n=400), au Brésil (n=400), au Mexique (n=400), au Royaume-Uni (n=400), en France (n=400), en Italie (n=400), en Allemagne (n=400), en Espagne (n=400), en Australie (n=400) et au Japon (n=400). L'objectif de l'étude était d'identifier les difficultés rencontrées par les locataires et d'explorer les solutions logicielles que les administrateurs de biens peuvent utiliser pour y remédier. Les personnes interrogées ont été sélectionnées pour louer leur résidence principale. Pour les 400 répondants français, les candidats devaient être des résidents français âgés de plus de 18 ans.
Sources