Alors que les effets de l’inflation se font encore ressentir sur le panier moyen des Français, le coût financier des déplacements opérés pour travailler en présentiel peut s’avérer un défi supplémentaire pour les employés. Capterra revient dans cet article sur la façon dont ces dépenses affectent les salariés et sur les solutions que peuvent appliquer les entreprises.

retour au bureau : la gestion des frais de transport en question

Dans le sillage de groupes américains tels qu’Amazon ou Google, et après un essor du télétravail, plusieurs entreprises et groupes français ont à leur tour fait le choix d'accroître le temps de travail sur site de leurs employés, voire même d’amorcer un retour au bureau à temps complet. Que les raisons avancées soient en rapport avec la communication, la collaboration ou encore la cohésion d’équipe, différentes raisons poussent les organisations à inciter leurs salariés à passer une plus grande partie de leur temps de travail sur site.

Une problématique contextuelle peut toutefois complexifier la mise en place d’une telle initiative : celle de l'augmentation des niveaux d'inflation et de son impact global sur le coût de la vie. À l'heure où les prix du carburant ou encore des transports publics connaissent une majoration, les frais engendrés par le retour au travail en présentiel représentent des charges supplémentaires susceptibles d’affecter le bien-être financier des employés. Mais peut-on encore considérer comme acquis que les salariés doivent supporter seuls l'intégralité des coûts liés au travail sur site ?

À quel point ces dépenses liées au “retour au bureau” préoccupent-elles les salariés ? Quels avantages sociaux proposés aux employés et mesures additionnelles les entreprises peuvent-elles déployer pour faciliter leur travail en présentiel ? Voici ce qui est exploré dans cette étude menée par Capterra auprès de 2 716 répondants de 11 pays différents, dont 244 répondants vivant en France. Ces derniers ont été interrogés sur leur expérience en matière de dépenses liées à leur activité professionnelle, lorsqu’ils travaillent en présentiel, à distance, ou une combinaison des deux.

Une méthodologie complète de cette étude est disponible au bas de cet article.

L’augmentation du coût du travail, une réalité pour 64 % des employés français

Qu’ils travaillent à distance, en hybride ou en présentiel, l’ensemble des employés de notre panel font état d’une augmentation des coûts liés à l’exercice de leur profession. La France fait même partie des trois pays européens, parmi ceux interrogés, où l’augmentation des coûts liés à la vie professionnelle est reportée comme la plus forte : 69 % des répondants du panel britannique reconnaissent une augmentation de ces frais, tandis que les répondants de France et d'Allemagne sont 64 % dans les deux cas à affirmer de même.

Évolution des coûts liés au travail par des employés des pays européens interrogés

Les niveaux de salaire restent insuffisants pour compenser le coût du travail

Autre défi mis en exergue par 79 % des Français interrogés : celui d’une moindre évolution des salaires par rapport à celle des dépenses professionnelles. Si un ressenti similaire est partagé par la plupart de leurs voisins européens, la proportion de répondants français qui ont réalisé ce constat reste la plus importante, suivie du panel italien (75 %) et britannique (68 %).

Évolution du salaire en fonction des coûts du travail selon les employés européens interrogés

Avec le retour au bureau, les employés sont désormais plus conscients des frais de trajets domicile-travail

Alors que la pandémie a servi de catalyseur au développement du télétravail sur le territoire français, un principe jusqu’alors peu répandu, les salariés ont pu faire l’expérience de certains avantages liés à ce modèle, notamment celui des économies réalisées sur les frais engagés pour se rendre au bureau.

Bien que la hausse des factures liées à la consommation énergétique puisse particulièrement affecter les travailleurs à domicile, les frais de transport représentent, eux, une dépense additionnelle pour les employés en présentiel. Cette problématique est d’autant plus présente pour les employés ayant fait le choix de déménager pendant ou à la suite du confinement, quand le télétravail semblait s’inscrire sur le long terme. Frais de déplacements, frais de bouche, garde d’enfants : voici tout autant de dépenses supplémentaires qui peuvent représenter un défi financier pour cette catégorie de salariés.

Dans un contexte incitant à accorder une plus grande attention à ses dépenses, ces facteurs peuvent expliquer les réserves exprimées par notre panel quant au modèle présentiel, puisque qu’ils ne sont que 9 % à exprimer une préférence pour ce type d’organisation du travail, tandis qu’une majorité préfère le travail en mode hybride (49 %) et à distance (42 %).

Conseils aux entreprises

Comme le soulignait déjà l’étude menée par Capterra en juillet 2023 sur le sujet de la rétention des employés, comprendre quels facteurs ont un impact positif ou négatif sur l'expérience des employés est essentiel pour favoriser leur satisfaction et leur engagement sur le long terme.

Pour ce faire, l’entreprise peut procéder à une analyse de leur feedback et d’autres données relatives à leurs profils pour identifier des opportunités ainsi que des bloqueurs susceptibles d’affecter leur rétention.

Un logiciel de ressources humaines dispose de fonctionnalités telles que l’accès à une base de données des employés, la gestion des enquêtes d’entreprise ou encore à la création de rapports et statistiques permettant de faciliter cette tâche. À l’aide de cet outil, un responsable RH peut ainsi  identifier quelles tendances sont observées parmi les salariés travaillant sur site.

Les frais de transport ne jouent pas en faveur des stratégies de retour au présentiel

Les politiques lancées par les pouvoirs publics en 2023 l’avaient déjà mis en évidence : que ce soit l’indemnité carburant, la mise en place progressive de la gratuité des transports publics dans certaines collectivités, ou encore les primes associées au covoiturage, la question des frais de transport est au cœur des discussions.

En ce qui concerne les salariés de notre étude travaillant selon un modèle hybride ou présentiel, on peut observer que les transports publics (42 %) ainsi que les véhicules personnels (38 %) sont utilisés en priorité pour les trajets vers le bureau. Les employés sont-ils pour autant dépendants de l’utilisation des transports publics ou de leurs voitures pour se rendre au travail ?

Les réponses collectées lors de notre étude semblent abonder en ce sens.

Lorsqu’il est question de la distance parcourue par ce même groupe d’employés pour se rendre dans les bureaux de leur entreprise, un quart seulement vit à distance de marche de son lieu de travail. À l’inverse, la plupart doivent parcourir une distance plus importante requérant d’avoir recours aux transports de prédilection mentionnés précédemment.

Distance parcourue par les employés pour se rendre au bureau

La question des transports, si elle apparaît comme incontournable pour ces employés de notre panel (77 %), n’est pas sans générer des coûts supplémentaires aux conséquences financières non négligeables. Pour 64 % de ces répondants, l’ensemble des dépenses liées à la mobilité sont jugées comme étant les plus importantes parmi leurs frais professionnels.

Dépenses principales des employés associées au travail en présentiel

Tandis que le marché des véhicules privés connaît une progression régulière et que les trajets en vélo (10 % des répondants) ou à pied (7 %) demeurent minoritaires pour les employés de notre panel amenés à se déplacer jusque sur leur lieu de travail, la réussite des stratégies de retour au bureau passe par la prise en compte des coûts liés au transport. 

Face à la problématique des frais de mobilité, les entreprises doivent mettre le pied à l’étrier

Pour alléger la charge que font peser les coûts de transports sur leur budget, la plupart des employés concernés estiment qu’un financement complet devrait être proposé par leur entreprise comme pour : 

  • les frais de parking (78 %),
  • les transports publics (55 %),
  • les frais de péage (52 %). 

Seuls les frais de carburant font figure d’exception, 44 % des employés indiquant qu’une contribution égale devrait être apportée par les employeurs et les salariés.

Partage des frais de transports entre entreprise et employés

Proposer des avantages susceptibles d’alléger les coûts de transports est l’une des solutions pouvant être envisagées par les entreprises : participation aux abonnements de transports publics, mise à disposition d’un service de parking ou des réductions sur ce même service sont parmi les pistes pouvant être explorées. De fait, 57 % des employés sur site ou en mode hybride déclarent qu'ils apprécieraient davantage de travailler en présentiel si leur employeur leur remboursait les frais de parking ou de transport.

Pour accompagner ces initiatives, il existe certaines politiques de soutien gouvernementales, telles que le forfait mobilités durables. Ce principe permet par exemple aux employés d’obtenir un financement à la mobilité, dès lors qu’elle implique l’usage de transports en commun ou du covoiturage. Pour les entreprises mettant en œuvre de tels avantages, elles ont la possibilité d'être exonérées des cotisations sociales pour chaque salarié concerné.

Conseils aux entreprises

Il est important pour les entreprises de répondre aux préoccupations de leurs employés concernant les raisons susceptibles de freiner leur motivation à travailler sur site. Selon un rapport publié par Gartner (article en anglais disponible pour les clients Gartner), proposer des avantages en phase avec les coûts liés à leur activité est un prérequis essentiel pour faciliter une stratégie de retour au bureau réussie.

Pour définir un programme d’avantages sociaux adaptés, consulter les employés lors d’une enquête dédiée peut aider les entreprises à recueillir des informations précieuses quant à leurs attentes. D’autre part, l’observation des compétiteurs directs ou d’entreprises de différents secteurs par le biais d’une veille concurrentielle peut offrir des perspectives sur ce qui peut être proposé aux collaborateurs.

La flexibilité horaire peut atténuer les difficultés liées aux trajets domicile-travail

Si une certaine forme d’avantages peut s’avérer bénéfique pour améliorer la satisfaction des travailleurs devant emprunter des transports pour se rendre au bureau, tous n’ont pas forcément besoin d’être proposés sous la forme de compensation financière.  

Ainsi, pour 66 % des employés travaillant en présentiel ou selon modèle hybride, la flexibilité horaire est également évoquée comme un facteur pouvant encourager à se rendre plus souvent au bureau. 

Permettre aux salariés d’ajuster leurs horaires de travail en fonction de leurs nécessités peut avoir un impact positif sur la problématique des frais de transport. En optant pour des horaires de début ou de fin de travail décalées, ces derniers peuvent opter pour des heures optimales de déplacement hors des heures de pointe, et minimiser ainsi le temps et les coûts associés aux trajets domicile-travail.

Conseils aux entreprises

Mettre en place des horaires flexibles peutcependant poser certains défis opérationnels aux entreprises, comme la gestion des agendas des différentes équipes. C’est la raison pour laquelle l’usage de la technologie adaptée pour gérer cet aspect s’avère essentiel. 

Plutôt que d’élaborer des emplois du temps manuellement, un logiciel de planning du personnel permet de renseigner et de gérer automatiquement les horaires des salariés. En outre, certaines de ces solutions intègrent des fonctionnalités d'alertes et de notifications pouvant informer en cas d’équipes en sous-effectif ou en sureffectif.

La question des frais de transport participe à la motivation des employés

Sous l’impulsion de la transformation des modèles de travail et dans un contexte de hausse globale des coûts de la vie, les priorités des travailleurs ont évolué vers des environnements professionnels laissant de la place à la considération holistique de leurs besoins. Comme le montre notre étude, les employés attendent de leur entreprise qu’elle prenne en compte les conséquences que peuvent avoir des paramètres tels que les frais de transports sur leur bien-être financier.

Pour être applicable dans les meilleures conditions, une stratégie de retour au bureau ne saurait faire l’impasse sur certaines attentes, telle que l’incorporation d’avantages en phase avec la réalité du quotidien des salariés, qu’il s’agisse, par exemple, de compensations financières ou d’une certaine flexibilité.

Ces initiatives sont également un moyen de renforcer la confiance, le bien-être au travail et, en fin de compte, la satisfaction et la rétention des salariés.

Dans un second volet de notre analyse, nous examinerons la situation globale des coûts du travail pour le personnel, en analysant les différences rencontrées entre les différents pays européens interrogés.

Et maintenant ? Consultez notre catalogue de logiciels de ressources humaines pour trouver l’outil qu’il vous faut.


Méthodologie

L'étude Capterra 2024 Cost of work survey a été réalisée en ligne en mars 2024 auprès de 2 716 répondants aux États-Unis (n=250), au Canada (n=250), au Brésil (n=244), au Mexique (n=245), au Royaume-Uni (n=248), en France (n=244), en Italie (n=250), en Allemagne (n=246), en Espagne (n=246), en Australie (n=248) et au Japon (n=245). L'objectif de l'étude était de connaître les coûts supportés par les employés pour travailler, que ce soit à distance ou en présentiel. Les personnes interrogées ont été sélectionnées pour leur emploi à temps plein ou à temps partiel.