Sur toutes les lèvres depuis la pandémie et particulièrement plébiscité par la génération Z, le bien-être au travail est aujourd’hui un critère clé, presque aussi important que le salaire. Les entreprises, et notamment les PME, se doivent donc de réfléchir au ressenti des professionnels afin d’assurer leur recrutement et leur rétention. Dans cet article, coécrit avec l’expert en futur du travail Samuel Durand, Capterra leur donne des pistes pour améliorer la gestion de l’expérience collaborateur.

Dans cet article
Tout comme l’expérience client dans le domaine des ventes s’assure d’un parcours de A à Z satisfaisant pour l’acheteur, l’expérience collaborateur tend à cultiver le bien-être des employés à chaque étape de leur vie en entreprise, de la phase de recrutement à celle, éventuellement, de leur départ de l’organisation. Face à un contexte où les salariés ne sont plus aussi fidèles à leur employeur et où la quête de sens au travail devient primordiale, repenser et améliorer cette notion pourraient devenir des conditions sine qua non dans les mois et années à venir afin de garantir la rétention.
Mais, quelles sont les attentes actuelles des employés ? Quelles pratiques les PME peuvent-elles appliquer pour assurer une bonne gestion de l’expérience collaborateur ? Des questions que Capterra aborde dans cet article écrit en collaboration avec Samuel Durand, expert en futur du travail.
Qu’est-ce que l’expérience collaborateur ?
L’expérience collaborateur se réfère à la vision et au ressenti d’un employé tout au long de son parcours au sein d’une entreprise. En englobant l'ensemble des interactions, émotions et perceptions des membres d’une organisation, cette notion, mettant l’humain au cœur de son processus, a pour objectif d’optimiser le bien-être des collaborateurs afin de renforcer leur engagement et garantir leur fidélisation. De ce fait, le concept d’expérience collaborateur est non seulement au service de l’employé, en favorisant son épanouissement, mais aussi de l’entreprise, en lui permettant d’améliorer sa marque employeur et d’assurer le recrutement et la rétention de talents. Des principes qui participent au bon fonctionnement d’une entité et à la rendre plus performante.
L’expérience collaborateur est vécue à travers un parcours rythmé par différentes étapes clés qui forgent le ressenti de l’employé tout au long de ses interactions avec l’entreprise :
- Le processus de recrutement : celui-ci commence dès la publication de l’offre d’emploi et termine lorsqu’un candidat a été sélectionné pour remplir le poste vacant ;
- L’onboarding : il s’agit de tous les procédés mis en place pour favoriser l’intégration d’un nouvel arrivant (présentation de la politique de l'entreprise, de son domaine d’activité et des enjeux du poste ou encore attribution d’un mentor) ;
- La formation : ce principe se réfère à tous les cours et enseignements dispensés aux employés pour leur permettre de développer leur compétences ;
- La culture d’entreprise : ce sont tous les moyens mis en œuvre pour faire régner un environnement stimulant, propice au bien-être professionnel et à l’engagement ;
- L'offboarding : ce terme est relatif à la gestion des départs des collaborateurs de l’entreprise (entretiens de départ, demande de feedback ou encore transfert des connaissances).
Comment ces phases peuvent-elles être améliorées ou intégrées ? Que doivent faire les PME pour assurer une bonne gestion de l’expérience collaborateur ? Avant que Capterra ne réponde à ces questions, il est important pour les petites et moyennes structures de bien comprendre les besoins actuels des employés.
Expérience collaborateur et futur du travail : quelles sont les attentes des employés ? L’avis de Samuel Durand
Les attentes des salariés en disent long non seulement sur la manière dont doit être améliorée l’expérience collaborateur, mais aussi sur le futur du travail et ses enjeux. Afin d’éclairer les PME sur le sujet, nous laissons la parole à :
- Samuel Durand, conférencier sur le futur du travail, auteur des documentaires Work in Progress et de la newsletter Billet du Futur.
Pourquoi rejoignons-nous une entreprise plutôt qu’une autre ? Dans le fond, qu’attendons-nous du travail ?
Difficile de formuler une réponse générale tant les aspirations personnelles entrent en jeu. Cependant, certains traits communs semblent agir comme de vrais moteurs d’engagement, peu importe la taille de l’entreprise, sa localisation ou encore son secteur d’activité.
Bien payer ses employés, c’est le début d’une bonne expérience collaborateur, mais évidemment ça ne suffit pas ! Trois autres leviers de motivation participent à son amélioration : l’environnement de travail, la façon d’exécuter les tâches et la mission.
1. L’environnement de travail
On rejoint une entreprise et on y reste, entre autres, parce qu’on s’y sent bien ! Parce que tous les matins, on retrouve des collègues qu’on est content de voir, avec qui on peut être soi-même, avec qui on a des discussions passionnantes, avec qui on noue puis entretient des relations amicales, personnelles. On rejoint dans l’idéal un état d’esprit, une ambiance, un environnement dans lequel on se sent à son aise.
Il n’y a pas de recette miracle pour créer un collectif au sein d’une entreprise, il suffit d’avoir des rapports francs, honnêtes, de partager un objectif commun. Et ensuite il faut avoir des occasions pour passer des moments ensemble, des rituels, des moments fondateurs qui rassemblent.
Et puis l’environnement de travail c’est aussi le lieu dans lequel on se rend, auquel on s’attache, dans lequel on se sent bien, un bureau, un site de production, un espace tiers ou tout simplement chez soi. Et pour un nombre croissant d’entre nous, il n’y a pas un lieu de travail mais des lieux de travail. L’environnement de travail c’est aussi toute la flexibilité qui est organisée par l’entreprise et qui permet à chacun de s’épanouir en fonction du rythme qu’il ou elle donne à sa vie. C’est même le deuxième critère lors de la recherche d’un poste, après la rémunération.

La flexibilité correspond à la possibilité de choisir son lieu et son temps de travail, d’adapter sa vie professionnelle à sa vie personnelle, et non l’inverse, d’avoir le moins de contraintes possibles et de jouir pleinement de la relation de confiance qui peut se créer entre une entreprise et ses employés.

Par ailleurs, d’après une étude menée par JobTeaser sur la génération Z, 82 % considèrent le télétravail comme crucial lorsque le métier le permet, occupant en moyenne plus de la moitié de leur temps de travail.
Outre la flexibilité, l’expérience collaborateur continue avec la manière dont les tâches en elles-mêmes sont exécutées.
2. La façon d’exécuter les tâches
Cela paraît évident mais on rejoint aussi une entreprise pour ce qu’on va y faire pendant plusieurs heures chaque jour, toute l’année.
Or, la tâche en elle-même n’est pas toujours ce qu’il y a de plus important, c’est plutôt la façon de l’exécuter qui compte. Est-ce que je suis autonome ? Est-ce que je peux apporter ma touche personnelle ? Est-ce que je peux être créatif ou idéalement guidé ? Est-ce que je peux mesurer l’impact de mon action sur mon environnement et sur le reste du processus ? Ces questionnements sont issus des valeurs de l’artisanat et sont une des pistes pour donner du sens à son travail. En comprenant la place que tient une tâche dans un processus de création, on lui donne un sens qui va au-delà de la simple action.
Et c’est là-dessus que les entreprises peuvent jouer pour proposer un bon environnement de travail. Peu importe les tâches à exécuter dans la mission qui est confiée aux individus, il est important que l’entreprise permette à chacun d’apporter sa touche d’individualité, que chacun puisse les exécuter en toute autonomie et dans un climat de confiance.

Ainsi, pour le même métier, c’est le cadre dans lequel les individus réalisent leurs tâches qui peut complètement varier d’une entreprise à une autre.
3. La mission
Après l’environnement de travail et la façon d’exécuter les tâches, le troisième et dernier levier de motivation est la mission. C’est le fait de contribuer à un projet plus grand que soi, le fait de se sentir utile ! En tant qu’entreprise, s’engager sur des sujets de société est une première étape, mais l’un des atouts est d’être capable de faire rayonner ces engagements auprès de l’ensemble des membres de l’organisation, qu’ils soient capables de se les approprier quotidiennement.
Une des façons de mettre la mission au cœur du quotidien des membres est de faire en sorte que chacun passe suffisamment de temps proche du produit et de ses utilisateurs. Qu’il s’agisse de temps dans des ateliers, des usines ou bien en boutique ou encore chez les clients, ces moments-là contribuent au sentiment d’appartenance à un projet commun et à la projection de son propre rôle au sein d’un projet plus grand. Il est d’autant plus important d’organiser ces moments-là pour les fonctions dites “support”, éloignées du produit ou des utilisateurs.
Une bonne expérience collaborateur, c’est être capable d’activer chaque jour plusieurs de ces différents leviers de motivation qui participent à l’engagement de chacun.
Comment les PME peuvent-elles assurer une bonne gestion de l’expérience collaborateur à chaque étape ? Les conseils de Capterra
Les attentes des employés identifiées et expliquées, il revient maintenant aux professionnels RH et managers de PME de les prendre en compte pour améliorer (ou mettre en place) les étapes clé d’un parcours collaborateur optimal. Voici les conseils de Capterra pour chaque phase :
1. Le processus de recrutement
Bien avant d’intégrer une entreprise, un collaborateur se fait une idée de celle-ci lors du processus de recrutement. Ce dernier débute dès le moment où l’offre d’emploi est rendue publique. Décrit-elle avec justesse l’activité de l’entreprise et sa culture ? Présente-t-elle clairement le poste et les tâches associées ? Indique-t-elle le salaire et les autres avantages offerts par l’organisation ? Ces mêmes questions se posent également lors des différents échanges et entretiens que le candidat aura avec le recruteur et sa potentielle future équipe. Selon l’étude de Capterra et ses sociétés affiliées sur le processus de recrutement, la notion de transparence est demandée par la plupart des candidats.

Afin d’attirer les meilleurs candidats et d’instaurer dès le début une bonne expérience collaborateur, il s’avère important de soigner ces aspects lors de cette phase.
2. L’onboarding
La transparence est également clé lors de la suite du parcours collaborateur. Aussi des échanges réguliers et sans faux semblant doivent-ils être privilégiés, et doivent débuter dès le moment où le candidat devient collaborateur. Instaurer un système d’onboarding ayant comme maîtres-mots la clarté, la communication, la collaboration et la personnalisation peut s’avérer important pour faciliter la prise de poste, la cohésion avec les autres membres de l’équipe et un sentiment d’appartenance.
3. La formation
Lors de la suite du cycle de vie du collaborateur, un désir d’acquérir de nouvelles compétences sera sans aucun doute exprimé, l’organisation aura tout intérêt à l’écouter. D’après une enquête sur la formation professionnelle menée par Capterra et ses sociétés affiliées en août 2023 auprès d’employés ayant accès à des cours en ligne, 74 % affirment que les opportunités d'apprentissage et de développement offertes par leur employeur les encouragent à rester dans l’entreprise. Par ailleurs, 43 % voudraient que leur organisation leur propose des formations supplémentaires relatives au développement professionnel. Aussi ces exigences rejoignent-elles une certaine quête de sens. Former ses salariés et leur proposer des cours pertinents et personnalisés qui leur permettent d’étendre leurs connaissances et d’envisager une évolution sont importants pour assurer une bonne gestion de l’expérience collaborateur, et consolider leur engagement.
4. La culture d’entreprise
La qualité du recrutement, de l’onboarding et de la formation reflètent celle de la culture d’entreprise. Celle-ci est décisive pour assurer le bien-être professionnel des collaborateurs, et leur donner envie de rester fidèle à l’organisation. Si elle favorise des principes de flexibilité, d’autonomie, de confiance et d’inclusion, elle a encore plus de chance de convaincre. D’après une étude de Capterra et ses sociétés affiliées sur les femmes dans le monde du travail remontant à janvier 2023, 18 % d’employés sondés estiment n’être pas valorisés par leur entreprise, et ce quel que soit leur genre. Des efforts restent donc à faire pour permettre à chaque membre de l’organisation de se sentir respecté, accepté et soutenu. Féliciter les succès et contributions de chacun de ses collaborateurs, adopter une communication fluide par le biais de feedbacks réguliers ou encore introduire un management participatif sont autant de bonnes pratiques qui aident à renforcer la motivation des employés.
5. L’offboarding
L’ultime étape du parcours collaborateur concerne le départ de l’entreprise, un phase qui mérite également d’être minutieusement gérée afin de faciliter la période de transition, conserver les connaissances, détecter les failles de fonctionnement, améliorer ses méthodes et préserver l’image de l’organisation en interne et en externe. Or, selon un sondage dédié à la gestion des départs des employés lancé par Capterra et ses sociétés affiliées entre mai et juin 2023, cette démarche reste confidentielle et n’est pas systématiquement appliquée.

Afin de mettre en place ce procédé de manière efficace, les PME se doivent notamment de proposer un entretien de départ avec le salarié concerné afin d’échanger en toute transparence sur sa perception de l’entreprise ainsi que ses contributions et de faire un bilan objectif de son parcours.
À chaque étape de l’expérience collaborateur, son logiciel :
Afin d’optimiser chaque phase du parcours collaborateur, des logiciels spécialisés existent :
- les logiciels de recrutement : ils permettent aux entreprises de notamment gérer les informations sur les candidats et les postes, de suivre les candidatures, d’analyser les CV et de prévoir l’intégration des employés ;
- les logiciels d’onboarding : ils permettent de générer des formulaires numériques partagés et accessibles en ligne, de créer des programmes d’orientation pour les nouveaux employés ou encore d’établir un suivi de la progression de ceux-ci.
- les logiciels LMS (Learning Management System) : ils permettent de partager et de gérer des contenus d’apprentissage en ligne ;
- les logiciels de bien-être en entreprise ou QVT (qualité de vie au travail) : ils participent à améliorer la culture d’entreprise en permettant de mesurer l’impact de la qualité de vie au travail ;
- les logiciels de retour d’information : ils participent à améliorer le processus d’offboarding en permettant de recueillir les ressentis et les avis d’employés sur le départ.
Optimiser chacune des ces étapes et mettre en place une politique de gestion de l’expérience collaborateur adéquate participent à redéfinir les environnements professionnels en s’adaptant aux attentes des employés et aux défis qu’elles impliquent. Cette approche, centrée sur les salariés, tend à représenter le futur du travail et peut permettre aux PME d’attirer et de fidéliser à long terme les meilleurs talents.
Méthodologie :
Cet article comprend des données issues d’enquêtes en ligne menées entre août 2022 et août 2023 par Capterra et ses sociétés affiliées. Les participants sont âgés de plus 18 ans, employés à temps plein ou à temps partiel et vivent en France. Les résultats obtenus sont représentatifs des participants qui ont répondu à l’enquête et non de l’ensemble du pays.
Les critères de sélection des participants pour chacune des enquêtes utilisées pour ce rapport étaient les suivants :
- Étude sur le processus de recrutement (août/septembre 2022) : les participants ont passé un entretien d’embauche au cours des 12 derniers mois et sont employés par une entreprise de 2 à 250 personnes. n = 1 002.
- Étude sur les femmes dans le monde du travail (janvier 2023) : les participants se sont définis en tant que femme ou homme, peuvent être en congé parental, n’exercent pas en tant que stagiaire et sont employés par une entreprise de 1 à plus de 1 000 personnes. n = 1 013.
- Étude sur la surveillance au travail (janvier/février 2023) : les participants sont employés par une entreprise de 2 à 250 personnes. n = 896.
- Étude sur les horaires flexibles et la semaine de quatre jours (février 2023) : les participants travaillent au moins cinq jours par semaine pour une entreprise de 2 à 250 personnes. n = 1 041.
- Étude sur la gestion des départs (mai/juin 2023) : les participants travaillent pour une entreprise de 2 à 250 personnes depuis plus d’un an à un niveau supérieur que celui de stagiaire et inférieur à celui de chef d’entreprise. n = 1 027.
- Étude sur l’apprentissage professionnel en ligne (août 2023) : les participants ont accès à des cours en ligne dans le cadre de leur travail actuel et sont employés par une entreprise de 2 à plus de 1 000 personnes. n = 1 027.