Lutter contre les effets du changement climatique est un engagement pris par une majorité des PME interrogées lors de la première partie de notre étude. Quels défis et opportunités rencontrent au quotidien ces entreprises dans le cadre de leur stratégie environnementale ?
Dans cet article
- Face aux objectifs gouvernementaux, l’heure est à l’optimisme
- Les politiques de soutien gouvernementales ont un impact encourageant sur la transition écologique des entreprises
- Un support financier de la part des pouvoirs publics cependant jugé encore insuffisant
- Les obstacles rencontrés lors de l’implémentation d’une politique environnementale d’entreprise
- L’engagement environnemental est un facteur clé de compétitivité
- La conscience d’agir avant qu’il ne soit trop tard
Alors que des menaces telles que le changement climatique ou l’épuisement de certaines ressources sont déjà devenues réalité, le monde des entreprises est amené à chercher des solutions pour réduire l’impact négatif de son activité sur l’environnement.
Des actions de recyclage à l’économie d’énergie, en passant par l’utilisation de systèmes de transports plus respectueux de la planète pour se rendre au travail, il existe différentes pratiques adoptées par les entreprises pour agir en faveur de l’environnement. Si un éventail de solutions s’offrent aux organisations de toutes tailles pour instaurer leur politique environnementale, leur mise en place n’est toutefois pas exempte de challenges.
Pour découvrir quels sont les défis rencontrés par les entreprises engagées dans la lutte contre le changement climatique, ainsi que les bénéfices qu’elles ont pu observer, Capterra a interrogé 360 gérants, directeurs exécutifs et cadres supérieurs français dans une étude menée en décembre 2022.
Une méthodologie complète est disponible à la fin de cet article.
Face aux objectifs gouvernementaux, l’heure est à l’optimisme
Le message adressé par les pouvoirs publics européens et nationaux aux entreprises est clair : l'urgence climatique pose la nécessité d’une action immédiate. Dans le but de répondre à ce challenge, un objectif d’envergure a été fixé à l’ensemble des acteurs économiques, soit participer à la réduction les émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55 % d'ici 2030.
La collaboration entre l’État et les entreprises est plus que jamais nécessaire pour espérer mener à bien ce projet de taille, et requiert de mobiliser les efforts de tous les secteurs autour d’objectifs qu’elles jugent exécutables.
Pour les entreprises françaises interrogées, et qui sont déjà engagées dans des actions en faveur de l’environnement, l’optimisme est de mise. Si 21 % considèrent l’objectif défini par le gouvernement comme inatteignable et que 8 % sont incertaines, 71 % l’estiment en revanche réalisable.
Bien que l’adhésion des entreprises à ce projet semble au rendez-vous, et offre de ce fait un terrain propice à la mise en place de leur stratégie environnementale, l'ampleur de l'action requise ne peut être sous-estimée.
Chargé de conduire pour le gouvernement français une étude sur les émissions de gaz à effet de serre sur les neuf premiers mois de 2022, le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) dresse un bilan plutôt mitigé : les émissions restent stagnantes, atteignant un niveau proche de celles enregistrées en 2021.
Afin d’atteindre les résultats environnementaux escomptés, mettre en place des moyens pour accompagner les entreprises dans leur transition écologique s’avère ici essentiel.
Les politiques de soutien gouvernementales ont un impact encourageant sur la transition écologique des entreprises
Afin de favoriser l’adoption d’un modèle économique plus durable, différentes aides sont proposées aux entreprises. 86 % des entreprises ayant mis en place une stratégie environnementale semblent au fait de celles qui peuvent être allouées par les pouvoirs publics. Ainsi :
- 37 % de ces entreprises reçoivent une aide
- 31 % ont effectué une demande, mais ne l’ont pas encore reçue
- 18 % sont au courant de leur existence sans en avoir fait la requête
Seules 15 % de ces entreprises sont peu au fait du support qui peut leur être proposé, 9 % déclarant qu’aucune aide n’est disponible et 6 % indiquant ne pas savoir ce qui peut être mis ou non à leur disposition.
Pour 76 % des structures ayant reçu un soutien financier, le bilan dressé s’avère plutôt encourageant, puisqu’elles estiment que l’aide reçue était suffisante pour leur permettre de contribuer à un changement positif. 24 % d’entre elles indiquent toutefois qu’un effort plus conséquent pourrait être fourni pour les aider dans leur stratégie environnementale.
Une politique de soutien gouvernementale peut donc avoir un impact bénéfique, mais doit cependant permettre d’inciter un plus grand nombre d’entreprises à s’engager sur la voie de la durabilité.
Quelles limites les entreprises perçoivent-elles dans les actions déployées par l’État ?
Un support financier de la part des pouvoirs publics cependant jugé encore insuffisant
Parmi les aides mises à disposition des entreprises, il existe différents modes de soutien financier, à l’exemple du prêt d’action climat destiné à accompagner les projets de transition écologique et énergétique des TPE et PME de moins de 50 employés.
Cependant, les aides financières déployées sont encore jugées insuffisantes par 53 % de l’ensemble des entreprises interrogées impliquées dans des actions environnementales, qu’elles bénéficient d’aide ou non, indiquant qu'un financement plus important devrait leur être accordé pour lutter contre les effets du changement climatique.
Faciliter le décryptage des actualités et des réglementations écologiques à l'œuvre est également un autre exemple du soutien qui peut être apporté aux entreprises. À cet effet, des portails d’information tels que celui de Mission Transition Écologique ont été développés par le gouvernement pour informer les entreprises sur ce thème.
Toutefois, une meilleure clarté sur le sujet de la réglementation (46 %) ainsi qu’une amélioration de la communication faite aux entreprises (40 %) font partie des éléments attendus par ce même groupe de répondants.
Dans la première partie de notre étude, nous avons pu observer que près de 80 % de l’ensemble des entreprises de notre panel s’inquiètent des effets du changement climatique sur leur activité. Certaines entreprises restent toutefois encore à convaincre quant à leur responsabilité en matière d’impact écologique.
40 % des structures engagées dans une action environnementale estiment même qu’il serait nécessaire d’imposer davantage de restrictions aux entreprises pour les inciter à réduire les émissions polluantes, ce qui pourrait être un moyen d’inviter un plus grand nombre d’entre elles à passer à l’action.
À l’heure où un effort important est demandé de la part des entreprises de tout secteur pour lutter contre les effets du changement climatique, il reste primordial d’identifier les difficultés qu’elles peuvent rencontrer dans l’exécution de leur stratégie environnementale.
Les obstacles rencontrés lors de l’implémentation d’une politique environnementale d’entreprise
À l'exception des multinationales, les PME ne disposent pas toujours de la possibilité de mobiliser les ressources humaines nécessaires et compétentes permettant de se focaliser sur la seule question environnementale, un facteur qui peut compliquer le déploiement de leur stratégie. Cet élément peut s’observer au travers des défis mentionnés par les entreprises pour appliquer des mesures adéquates, soit le manque de connaissances et de compétences en la matière (49 %), les difficultés administratives (35 %), ainsi que la difficulté d’en faire une priorité (28 %).
Devenir une entreprise plus durable demande également de déployer un investissement stratégique et financier qui peut s’avérer conséquent, en particulier pour les structures de petite taille. Réadapter ses systèmes de production, adopter un matériel approprié, ou encore engager du temps de formation pour ses employés représente un coût qui peut se révéler de prime abord important. Cet obstacle est l’un de ceux relevés en priorité par 43 % des entreprises mettant en place des actions environnementales, indiquant le manque de ressources financières comme l’une des difficultés majeures rencontrées.
Appliquer une politique environnementale en entreprise représente également un défi en interne. 25 % des entreprises engagées en faveur de l’environnement évoquent notamment la difficulté d’impliquer leurs employés dans la réduction des déchets et des émissions. Certaines solutions peuvent toutefois être envisagées pour engager leur responsabilité, en effectuant par exemple des formations pour les sensibiliser à la question des déchets plastiques. Faciliter l’adoption des bons gestes peut aussi passer par la mise à disposition de ressources matérielles, tels que des containers de recyclage, et des instructions nécessaires pour en faire le meilleur usage.
Bien que sources de difficultés, les stratégies environnementales des entreprises présentent également des avantages dont elles peuvent mesurer l’impact positif dans divers domaines.
Ces formations peuvent prendre la forme de modules consacrés, par exemple, à la découverte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sur lesquels se basent une entreprise pour mesurer ses performances en matière de durabilité. Chaque module peut intégrer des activités ludiques et des récompenses à chaque étape complétée pour faciliter le processus d’apprentissage, mais aussi des questionnaires permettant d’évaluer les connaissances acquises.
L’engagement environnemental est un facteur clé de compétitivité
Outre un impact positif sur l’environnement, il existe plusieurs raisons pour lesquelles des pratiques commerciales durables sont bénéfiques pour les entreprises.
Alors que les consommateurs s'intéressent de plus en plus aux produits et services durables, la mise en place d’actions environnementales peut aider une entreprise à améliorer son image auprès de ses clients, mais aussi lui permettre de se démarquer de ses concurrents. Les entreprises engagées dans la lutte pour la protection de l’environnement déclarent la satisfaction des clients comme l’avantage principal observé (53 %), mais ont également relevé l’avantage compétitif dont elles ont pu bénéficier (31 %) ainsi qu’une meilleure rentabilité (37 %).
Une démarche écologique peut également aider une entreprise à améliorer sa réputation auprès des différentes parties prenantes, tels que ses fournisseurs, mais aussi les responsables gouvernementaux, car elle leur montre que l'entreprise se préoccupe des sujets environnementaux et est consciente de sa responsabilité. Une plus grande satisfaction de ces différents acteurs est un autre élément constaté par cette partie des répondants (38 %).
Le premier volet de notre étude l’a révélé : 56 % des employés de l’ensemble des entreprises interrogées ont partagé leurs inquiétudes liées au changement climatique auprès de leurs responsables. Adresser et prendre en compte les craintes évoquées peut également démontrer l’importance qu’une entreprise accorde au bien-être et aux valeurs de ses salariés, et participer au renforcement d’une culture d’entreprise positive. 39 % des entreprises engagées dans une stratégie environnementale ont par ailleurs noté une amélioration du moral de leurs salariés à la suite de cette implémentation.
Le développement de pratiques commerciales durables peut aider les entreprises à réduire leur empreinte carbone, à devenir plus efficaces sur le plan énergétique, voire à économiser sur leurs frais généraux. Au-delà de ces avantages, une stratégie environnementale peut aussi devenir un levier d’engagement positif auprès des différents acteurs de leur écosystème.
Que ce soit par le biais d’une newsletter faisant état des progrès des actions environnementales effectués, ou encore d’une communication via les réseaux sociaux, il existe différents moyens de partager les avancées auprès de ses clients actuels et potentiels.
La conscience d’agir avant qu’il ne soit trop tard
Pour la majorité des 360 répondants de notre enquête, une action forte en faveur de la protection de l’environnement est vitale, près de 48 % déclarant que “des mesures immédiates doivent être prises pour limiter l'impact du changement climatique, sinon il sera trop tard”.
Bien que cette affirmation fasse état d’un engagement positif de la part des entreprises françaises, 34 % d’entre elles estiment encore que “le changement climatique est un problème, mais la lutte contre ce phénomène ne doit pas être une priorité pour le moment”’, et ce, en dépit de la situation d’urgence écologique actuelle.
Si le soutien fourni par les autorités gouvernementales aux entreprises peut encore être amélioré et que plusieurs challenges sont rencontrés par celles qui sont engagées dans un parcours de transition écologique, une implication accrue des entreprises et la collaboration entre les parties prenantes sont nécessaires. Il s’agit ici de réviser en profondeur les pratiques de production et de consommation en cours, mais également de sensibiliser l’ensemble des acteurs concernés pour espérer faire la différence quant à l’avenir de l’ensemble de la société.
Méthodologie
Pour collecter les données de ce rapport, Capterra a mené une enquête en ligne en décembre 2022 auprès de 360 gérants et managers d’entreprise français issus de divers secteurs d’activité et de divers niveaux d’ancienneté.
Le panel a été sélectionné selon les critères suivants :
- Réside en France
- Âgé(e) de plus de 18 ans
- À un poste de direction ou de gestion
- Travaille au sein d’une entreprise de 2 à 250 employés
- Travaille dans une entreprise ayant plus d’un an d’existence
- Travaille dans une entreprise fonctionnant selon un modèle B2C, B2B ou B2G
- Travaille dans une entreprise vendant des services et/ou des produits
- Travaille dans une entreprise assurant la fabrication, la production et la vente de ses produits de manière directe, ou réalisant ces activités via un tiers