Enregistrée comme la deuxième année la plus chaude jamais observée en Europe, 2022 a illustré les différents bouleversements climatiques connus par la planète : augmentation des incendies de forêt et déficit hydrique sont parmi les exemples de phénomènes observés. Dans un contexte où les risques liés au changement climatique sont en augmentation, réviser ses pratiques de production et de consommation à l’aune de leur impact écologique est un défi d’envergure posé à l’ensemble de la société.
Dans cet article
- 80 % des PME françaises sont inquiètes des effets du changement climatique sur leurs opérations
- Plus de deux tiers des PME sont engagées dans des actions environnementales
- Comment les entreprises françaises œuvrent-elles pour réduire leurs émissions de CO2 ?
- Avoir un impact positif sur l’environnement, un objectif d’entreprise à part entière
- Un bilan encourageant mais des efforts restent à fournir
Face à au réchauffement de la planète, un objectif ambitieux a été fixé en 2019 par les pouvoirs publics européens : faire du continent le premier à parvenir d’ici 2050 à une neutralité totale sur le plan climatique. S’appuyant sur une feuille de route appelée Pacte vert, le Parlement entend engager ses acteurs économiques à réduire drastiquement les émissions nettes de gaz à effet de serre et à privilégier une croissance soucieuse des ressources naturelles.
Le rôle que jouent les entreprises dans la lutte contre le changement climatique s’avère crucial, car le contrôle de leur bilan carbone fait partie des facteurs ayant une incidence majeure sur les effets du réchauffement climatique.
Quel est le degré d’implication des entreprises pour réduire leur impact sur le climat ? Dans quelle proportion ont-elles intégré l’importance de ce facteur dans leur stratégie ? C’est ce qu’a souhaité savoir Capterra en interrogeant plus de 1 400 gérants, directeurs exécutifs et cadres supérieurs australiens, britanniques, français, italiens et néerlandais dans une étude menée en décembre 2022.
Le panel français, sur lequel s’est principalement concentré cet article, est composé de 360 participants.
Une méthodologie complète est disponible à la fin de cet article.
80 % des PME françaises sont inquiètes des effets du changement climatique sur leurs opérations
Les effets du changement climatique ne sont pas uniquement environnementaux : leur impact est susceptible de causer des disruptions importantes sur l’activité économique des entreprises.
Certains secteurs l’ont déjà constaté : attribués en partie aux conséquences des activités humaines, les cas de sécheresse ayant touché l’Hexagone en 2022 ont donné lieu à des restrictions d’eau affectant particulièrement les professionnels de l’agriculture.
Toutefois, le domaine agricole n’est pas le seul à pouvoir souffrir des répercussions liées aux changements climatiques. En cas de conditions météorologiques extrêmes, toute chaîne d'approvisionnement peut se voir profondément perturbée.
Les conséquences négatives du changement climatique sur leurs activités est une problématique bel et bien présente à l’esprit des entreprises françaises : sur l’ensemble des participants interrogés, 52 % déclarent être assez préoccupés par ce sujet, quand 28 % se disent même très préoccupés.
Si cette inquiétude est partagée par les chefs d'entreprise et dirigeants de PME français, elle l’est également par certains de leurs voisins européens. Les panels italien (79 %) mais également britannique (82 %) sondés lors de notre étude font part d’un ressenti similaire, indiquant être assez ou très préoccupés par les incidences économiques directes du changement climatique. Seuls les Pays-Bas se démarquent quelque peu, puisque seuls 52 % de ces participants partagent une opinion similaire.
Le réchauffement de la planète engendre un large éventail de risques économiques pour les entreprises, un facteur vis-à-vis duquel ces dernières semblent bel et bien exprimer une certaine appréhension.
Toutefois, au-delà de ces défis commerciaux, il est essentiel pour les entreprises de considérer le défi global, à la fois environnemental et sociétal, que posent les risques climatiques. Parce qu’elles représentent une source majeure de prélèvement de ressources naturelles et de rejets de CO2, les entreprises peuvent avoir des effets positifs sur le long terme lorsqu'elles s’impliquent dans des actions en faveur de l’environnement.
Les préoccupations environnementales des PME françaises sont-elles pour autant synonymes de prises d’initiative ?
Plus de deux tiers des PME sont engagées dans des actions environnementales
L’inquiétude des entreprises françaises concernant le climat semble bel et bien se retranscrire dans leur décision d’agir. À la question “Votre entreprise a-t-elle changé ses pratiques commerciales pour minimiser l’impact du changement climatique ?”, 76 % de l’ensemble des participants répondent par l’affirmative. Bien que 24 % des répondants n’aient pas entrepris d’action particulière en faveur du climat, 20 % de ceux-ci se disent toutefois intéressés par l’initiative.
La France fait ici figure de bonne élève, se plaçant, parmi les pays interrogés, comme le premier pays en matière d’initiatives environnementales prises par ses entreprises, suivi par l’Italie (64 %) et le Royaume-Uni (64 %), puis les Pays-bas (44 %).
Mais quelles sont les raisons qui poussent les organisations françaises à s’engager dans une stratégie environnementale ? Quelques pistes de réponses ont été apportées par notre groupe de participants, trois raisons principales remportant notamment les suffrages :
- la conviction sincère de la nécessité de protéger l’environnement en tant qu’entreprise (52 %)
- le souhait d’améliorer la réputation de la marque (36 %)
- la nécessité de répondre aux attentes des investisseurs, des consommateurs ou des clients (32 %)
Outre les inquiétudes liées au changement climatique et l’avantage que peut avoir une politique verte sur l’image d’une entreprise, les pressions croissantes des investisseurs et des consommateurs sont également des facteurs incitant les entreprises à agir.
Lors d’une étude menée en septembre 2021 par Capterra, 94 % des Français interrogés indiquaient déjà prendre en compte le facteur de la durabilité dans leurs processus d’achats, des questionnements quant aux changements climatiques influençant leurs choix de produits ou de fournisseurs.
Outre cet aspect, l’application de critères de performance environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) est un levier d’attraction additionnel auprès des investisseurs. Parce qu’elle occupe une place importante dans l’évaluation d’un financement à attribuer, le déploiement d’une politique environnementale d’entreprise pèse sur la décision d'investir ou non dans un certain profil d’organisation.
Il est essentiel que ces critères soient accessibles au public dans les informations et rapports annuels d’une organisation, car, outre les consommateurs, un nombre croissant d'investisseurs s'intéressent aux initiatives ESG lorsqu'ils examinent les possibilités d'investissement.
Des logiciels d’ESG sont des solutions permettant de soutenir les entreprises dans l’élaboration de leur stratégie, en automatisant par exemple la collecte des données liées à leurs initiatives environnementales.
Comment les entreprises françaises œuvrent-elles pour réduire leurs émissions de CO2 ?
Pour les entreprises désireuses d'adopter des pratiques commerciales plus durables, mais qui n’ont encore entrepris aucune démarche, l’un des défis majeurs consiste à comprendre quelles sont les actions à privilégier. 40 % de cette partie du panel mentionne en effet le manque d’informations sur les modalités d’actions envisageables comme un frein au développement de pratiques durables.
Il existe cependant plusieurs initiatives dans lesquelles sont actuellement impliquées certaines entreprises françaises dont il leur est possible de s’inspirer.
L’économie énergétique, une action environnementale phare
L’un des objectifs principaux du plan de sobriété énergétique prévu par le gouvernement français est de répondre à des exigences environnementales afin de réduire de 40 % les émissions nationales de gaz à effet de serre d’ici 2030. Le champ d’action de ce plan inclut notamment la réduction de la consommation d’électricité et un moindre recours aux énergies fossiles.
Si une politique de réduction de la consommation énergétique fait partie des axes d’action envisagés par l’État, il est également celui privilégié par 44 % des entreprises françaises engagées dans des actions environnementales.
Conseils pour les entreprises : plusieurs activités humaines quotidiennes sont à l’origine de l’émission de gaz à effets de serre : climatisation, combustion d’énergies fossiles ou encore consommation en électricité du matériel informatique sont parmi les exemples de facteurs d'émissions courants au sein des entreprises.
En s’appuyant sur des logiciels pour audit énergétique, les entreprises peuvent obtenir des informations précieuses afin de procéder à des améliorations énergétiques sur le lieu de travail. À partir des données récoltées, il leur est par exemple possible de prendre des décisions éclairées sur les économies à réaliser ou encore les investissements à effectuer. Il existe, par exemple, des systèmes permettant d’éteindre automatiquement tout appareil électronique non utilisé, ou encore de contrôler les seuils de température d’un local pour éviter le gaspillage d’énergie.
Recyclage et réduction des déchets, priorités parmi les mesures appliquées
Parmi les autres mesures populaires appliquées par les entreprises investissant dans des actions en faveur du climat figurent la réduction des déchets (36 %) ainsi que le recyclage des matériaux utilisés dans le processus de production et/ou dans les bureaux (35 %).
Si la limitation des déchets signifie un moindre rejet de polluants dans la nature, le recyclage contribue à limiter l’impact environnemental lié à la production de nouvelles ressources. De plus, cette action représente également des économies sur le long terme pour les entreprises. Lorsque, par exemple, une entreprise de textile recycle d’anciens articles pour créer une nouvelle gamme de produits, cela signifie que les nouveaux produits sont fabriqués en utilisant moins de matières premières et d'énergie. Par conséquent, plus les organisations choisissent de recycler, plus le coût de fabrication de nouveaux produits tend à diminuer.
Outre une politique de recyclage pour laquelle des logiciels de recyclage peuvent être utilisés, les entreprises peuvent aussi avoir recours à des logiciels de gestion de déchets, et gérer par ce biais l’inventaire et le traitement des déchets générés.
Sensibiliser les employés pour soutenir les initiatives environnementales
L’une des clés prises en compte par les entreprises dans l’élaboration de leur stratégie environnementale est l’implication des employés ; 32 % des entreprises ayant appliqué des mesures durables évoquent ainsi la sensibilisation de leurs salariés comme l’une des initiatives déployées.
Encourager le soutien des employés en faveur d’actions environnementales peut souvent jouer sur la réussite de certaines initiatives : l’utilisation de containers de recyclage au bureau (32 % citent une telle mesure), la réduction de l’utilisation du papier (31 %), cités également par les entreprises concernés, ne contribuent à des résultats durables que s’ils sont adoptés globalement par les salariés de l’entreprise. Le rôle de l’entreprise dans la façon d’encourager de meilleures habitudes peut de ce fait avoir une importance cruciale.
Conseils pour les entreprises : selon l’ensemble des participants de notre étude, près de 56 % de leurs employés ont déjà exprimé leurs inquiétudes quant au problème du changement climatique auprès de leur direction.
Impliquer ses équipes dans la mise en œuvre d’une stratégie environnementale peut non seulement faciliter son déploiement, mais aussi contribuer à renforcer la culture d’entreprise d’une organisation en prenant en compte les préoccupations des collaborateurs dans la recherche d’une solution.
Pour favoriser l’adoption de pratiques durables, il est essentiel pour les entreprises de fournir conseils et informations auprès de leurs employés. Ceci peut passer par la mise en place de formations spécifiques, par la valorisation d’initiatives des salariés par le biais de l’intranet, ou encore, par le biais des réseaux sociaux de l’entreprise.
Outre ces actions, d’autres initiatives sont envisageables pour les entreprises. À l’heure où la mobilité collaborative est une solution considérée par un nombre croissant de Français, financer l'utilisation de moyens de transport écologiques pour se rendre au travail est un choix effectué par 27 % des entreprises. Autre moyen de réduire l’impact des transports professionnels sur l’environnement, la limitation des voyages d’affaires fait également partie des politiques appliquées par 27 % des organisations concernées.
Enfin, parce que le challenge environnemental requiert l’implication de l’ensemble des parties prenantes d’une chaîne de production, collaborer avec des fournisseurs déployant des efforts écologiques est une priorité pour 25 % de ce groupe d’entreprise.
Avoir un impact positif sur l’environnement, un objectif d’entreprise à part entière
Pour les entreprises, le paramètre environnemental est un élément clé de compétitivité. Toutefois, l’évaluation de leurs efforts repose désormais sur des critères concrets, tels que leur score ESG, permettant d’établir leurs performances en matière de respect de l’environnement.
C’est pourquoi établir une stratégie de durabilité spécifique et être en mesure d’évaluer les résultats des actions menées revêt une importance particulière pour les entreprises engagées dans ce type d’initiative.
Pour une partie de ce groupe d’entreprises interrogées, l’une des premières étapes à considérer passe par l’inscription officielle des objectifs en matière d'environnement et de changement climatique dans leur stratégie générale (86 %).
Cette étape peut en effet faciliter la mise en place d’un cadre global, permettant aux entreprises d'appliquer et de montrer leur contribution, mais aussi de manifester clairement leurs objectifs en la matière.
Dédier les ressources nécessaires au déploiement de ces solutions est également l’un des aspects considérés par ces structures. Une majorité déclare disposer d’un service avec une personne (34 %) ou de plusieurs personnes (27 %) se consacrant uniquement aux questions environnementales, quand seulement 2 % confient cette responsabilité à un groupe de personnes dont les responsabilités habituelles sont autres.
Enfin, 73 % des entreprises disposant de mesures environnementales déclarent s’appuyer sur des technologies et logiciels pour atteindre leurs objectifs, quand 25 % indiquent l’inverse et 2 % sont incertaines de l’utilisation de ce type d’outils dans leur structure.
Parmi les trois solutions logicielles les plus employées figurent les catégories correspondant aux exigences de réglementation gouvernementales prioritaires, soit :
- les logiciel de gestion de l'énergie (62 %)
- les logiciels de gestion des déchets (48 %)
- les logiciels de gestion des émissions (46 %)
Un bilan encourageant mais des efforts restent à fournir
Au vu des résultats de notre étude, tout semble indiquer une prise de responsabilité des PME françaises quant à l’implémentation d’actions concrètes pour lutter contre les revers du changement climatique.
Il n'en reste pas moins que le chemin à parcourir pour atteindre les objectifs fixés par l'Union européenne pour 2030 est encore long et requiert l’engagement d’un plus grand nombre d’acteurs économiques. En effet, 63 % des entreprises ont déclaré que les actions environnementales menées donnent certains résultats, mais qu'il est possible d'en faire plus ; 31 % ont, au contraire, déclaré que les actions engagées sont extrêmement satisfaisantes.
Si le bilan carbone des entreprises n'a pas toujours été fermement réglementé, il est de plus en plus évident que ces émissions ont un prix élevé non seulement pour l’environnement, mais aussi pour l’équilibre économique et social. Participer à un modèle de production limitant les risques climatiques est donc plus que jamais vital pour le futur des entreprises et celui de la planète.
Méthodologie
Pour collecter les données de ce rapport, Capterra a mené une enquête en ligne en décembre 2022 auprès de 1 400 gérants et managers d’entreprise, issus de divers secteurs d’activité et de divers niveaux d’ancienneté, et situés en Australie, France, Italie, aux Pays-Bas, et au Royaume-Uni. Le panel français était composé de 360 répondants et ceux-ci ont été sélectionnés selon les critères suivants :
- Réside en France
- Âgé(e) de plus de 18 ans
- À un poste de direction ou de gestion
- Travaille au sein d’une entreprise de 2 à 250 employés
- Travaille dans une entreprise ayant plus d’un an d’existence
- Travaille dans une entreprise fonctionnant selon un modèle B2C, B2B ou B2G
- Travaille dans une entreprise vendant des services et/ou des produits
- Travaille dans une entreprise assurant la fabrication, la production et la vente de ses produits de manière directe, ou réalisant ces activités via un tiers