Pour répondre à des besoins de mobilité plus flexible, abordable, mais aussi écologique, de nouvelles tendances ont émergé. Secteur associé au modèle d’économie collaborative, la mobilité partagée, ou mobilité collaborative, fait partie des solutions proposées aux consommateurs. Quel est son impact sur leur vie quotidienne ?
Dans cet article
- La mobilité partagée, l’avènement du déplacement multimodal
- À quel point les offres de mobilité partagées sont-elles disponibles pour le grand public ?
- Quelles sont les pratiques des convaincus de la mobilité partagée ?
- La mobilité partagée peut-elle concurrencer l’usage du transport personnel ?
- Un impact environnemental considéré comme positif par les consommateurs
- La mobilité partagée, un élément clé pour l’évolution des transports
Des trajets quotidiens aux voyages longue distance, la mobilité des Français s’est accrue au cours des dernières décennies, accompagnée par les innovations du domaine des véhicules et des transports. Ce secteur fait toutefois face à des défis majeurs, devant composer avec des facteurs tels que celui de la congestion croissante des centres urbains par les moyens de transport individuels, et des préoccupations grandissantes liées à l’environnement.
Du covoiturage en passant par la location de vélo en libre-service, la mobilité partagée permet aux consommateurs d’accéder de façon temporaire au mode de déplacement de leur choix, en fonction de leurs besoins, et ce sans avoir à disposer d’un moyen de transport personnel. En proposant de réduire le nombre de véhicules particuliers, ce système se présente comme une alternative pouvant contribuer à une utilisation plus responsable des ressources disponibles et répondre ainsi à des problématiques de durabilité.
Quelle est la place de ce modèle émergent dans les habitudes de la population française ?
C’est la question à laquelle répond Capterra dans la deuxième partie d’une étude menée auprès de 1 003 consommateurs français en octobre 2022, consacrée à l’économie collaborative.
Une méthodologie complète est disponible à la fin de cet article.
La mobilité partagée, l’avènement du déplacement multimodal
Pouvoir se déplacer selon différentes modalités sans avoir à posséder de moyen de transport personnel : tel est le modèle proposé par la mobilité partagée.
Avec près de 80 millions de trajets réalisés et 150 millions de revenus enregistrés déjà en 2020, ce secteur de l’économie collaborative connaît une progression constante. De par son offre, couvrant des activités aussi variées que le covoiturage, le partage de scooter, ou encore la location de vélo en libre-service, la mobilité partagée permet à ses usagers d’envisager des déplacements multimodaux pour tout type de trajets.
Alors que le problème des émissions de CO2 générées par les transports est plus que jamais à l’ordre du jour des agendas gouvernementaux, différentes actions sont menées afin de réguler les problèmes de circulation à l’intérieur et à l’extérieur des villes.
Si certains services de mobilité collaborative se sont de prime abord développés au cœur des zones urbaines, à l’image des trottinettes et vélos en libre-service, cette solution n’est pas pour autant uniquement l’apanage des citadins. Depuis la loi d’orientation des mobilités de 2019, plusieurs initiatives ont été lancées par l’État français pour faciliter l’accès à des modalités de transports partagés sur l’ensemble du territoire.
Parmi les exemples notables figurent ceux de la promotion du covoiturage et de l’autopartage entre particuliers. Ces deux activités peuvent bénéficier d’un forfait de mobilité durable prenant en charge une partie des frais de déplacement de salariés réalisés à l’aide de véhicules partagés, loués ou en libre-service.
Il est ainsi possible pour un usager vivant en périphérie de faire appel à ce type de service pour se rendre sur son lieu de travail, puis de choisir de se déplacer dans une zone desservie par les modalités de transports collaboratives de son choix.
À quel point les offres de mobilité partagées sont-elles disponibles pour le grand public ?
Les pouvoirs publics ont récemment mis en œuvre une plateforme collaborative, nommée “France Mobilité”, visant à stimuler les innovations de mobilité partagée. Cependant, les acteurs publics ne sont pas les seuls à contribuer au développement des offres de mobilité partagée.
Qu’il s’agisse d’applications dédiées à la réservation de taxi VTC, ou encore de plateformes de covoiturage en ligne, différentes solutions émanant du secteur privé participent au maillage des services proposés.
Si le contexte semble propice à stimuler l’expansion de la mobilité partagée, l’offre est-elle bel et bien disponible pour tous les consommateurs à travers le pays ?
C’est ce que semblent indiquer les réponses de l’ensemble de notre panel, dont les lieux de résidence se situent tout aussi bien en zone urbaine que rurale : seuls 2 % des répondants indiquent ne disposer d’aucune solution de mobilité de la sorte, quand 19 % déclarent ne pas être sûrs de la disponibilité de ces services.
Selon ce même groupe de répondants, les principaux types de transports collaboratifs mis à leur disposition dans leur région sont les services de partage de trajets (70 %), de vélos (50 %), ainsi que de trottinettes en libre-service (33 %).
Le covoiturage bénéficie à la fois de la croissance des plateformes privées et d’un soutien particulier des politiques publiques, deux facteurs favorables à son expansion territoriale. Le gouvernement français s’est par ailleurs fixé l’objectif de tripler les trajets réalisés en covoiturage pour parvenir à un chiffre de 3 millions de déplacements d’ici 2024.
Le développement des vélos en libre-service, et celui plus récent des trottinettes électriques est lui aussi soutenu par des offres complémentaires émanant à la fois de collectivités publiques et de plateformes privées. 50 % des répondants concernés indiquent pouvoir disposer de vélos en libre-service, et 21 % de trottinettes.
Une offre de mobilité semble bel et bien mise à disposition des consommateurs. La demande est-elle pour autant au rendez-vous ?
Promouvoir et permettre l’accès à des moyens de transports plus écologiques à ses employés fait partie des exemples d’action durable que peuvent mener les entreprises.
Parmi les pistes d’initiatives à considérer, l’option du télétravail peut aider à réduire l’impact des trajets des salariés vers leur lieu de travail, tout en participant à la culture d’entreprise.
Dans les situations où le travail hybride ou à distance peut être plus difficile à implémenter, il est par exemple possible de favoriser le covoiturage en mettant en relation des salariés réalisant des trajets similaires via un canal de communication dédié, ou encore d’inclure la prise en charge d’une carte d’abonnement à des transports publics et/ou partagés en tant que avantages proposés par l’entreprise.
Quelles sont les pratiques des convaincus de la mobilité partagée ?
Le secteur de la mobilité partagée semble bel et bien faire des adeptes, notre étude nous ayant permis d’identifier que près de 58 % des consommateurs interrogés utilisaient ces services.
Mais quelles sont leurs habitudes en la matière ? C’est ce que nous avons choisi d’étudier chez ce groupe d’utilisateurs.
Le partage de trajets et les vélos libre-service ont le vent en poupe
Cités par l’ensemble de notre panel comme les services de mobilité collaborative les plus mis à leur disposition, le partage de trajets (52 %) ainsi que les vélos libre-service (20 %) sont les plus utilisés par le groupe de répondants qui pratiquent la mobilité partagée.
Bien que son offre se développe, le service de trottinette en libre-service n’est utilisé que dans une moindre mesure (9 %). Plusieurs barrières peuvent expliquer le manque d’utilisation de ce service, comme celui de la zone grise qui concerne son utilisation. Des problèmes se sont en effet posés pour catégoriser ce type de véhicule et assigner une réglementation appropriée quant aux droits de circulation qui y sont associés. Bien qu’une entrée récente des trottinettes dans le code la route ait été réalisée en 2019, ce point pousse cependant certaines collectivités à en repenser l’usage.
L’autopartage (4 %) ainsi que la location de motos en libre-service (2 %) sont parmi les services auxquels les usagers ont le moins recours.
Bien que le principe d’autopartage présente l’avantage de pouvoir bénéficier d’un véhicule sans les inconvénients de l’achat et de l’entretien, il peut cependant donner lieu à quelques réticences de la part du consommateur : la non garantie de disponibilité pour un trajet ou un jour donné, mais aussi des craintes liées aux conditions de location en cas de litiges.
Désigné comme moins disponible par l’ensemble du panel des répondants, le secteur des motos en libre-service est le moins plébiscité par le groupe des utilisateurs de services de mobilité partagée. L’un des facteurs pouvant expliquer cet intérêt moindre peut être lié à l’impact des demandes de régulations auxquelles il est soumis, notamment dans les grandes villes où il est majoritairement implanté, à l’exemple des villes de Paris ou encore Bordeaux.
Des utilisateurs soucieux d’économiser avant tout
Les services de mobilité partagée présentent un certain avantage économique : moins coûteux que l’acquisition et l’entretien d’un véhicule, ils sont également un moyen de limiter les dépenses courantes, notamment face à des problématiques telles que la hausse du carburant. C’est une opinion qui semble partagée par la majorité des participants ayant recours à ce type de pratique, puisque l’aspect financier (49 %) est celui qui est majoritairement mis en avant.
L’autre avantage indiqué par ces mêmes utilisateurs est celui qu’il représente par rapport aux transports publics. Ils sont ainsi 42 % à leur préférer cette solution. Si les transports publics bénéficient également du soutien des politiques publiques dans le souci de proposer des alternatives de déplacement durable, ils présentent certaines contraintes : occupation maximale aux heures de pointe, mais également manque de disponibilité dans certaines zones peu desservies en sont quelques exemples.
Le bénéfice d’une plus grande liberté dans les trajets est également l’un des éléments évoqués (33 %). De par son principe de multimodalité, la mobilité partagée peut permettre aux voyageurs de choisir le mode qui convient le mieux à une situation donnée et ainsi planifier de manière plus flexible leurs déplacements.
La durabilité est l’un des autres facteurs soulignés dans la même mesure par ce groupe d’usagers (33 %). Parce qu’elle contribue à limiter l’usage en nombre de véhicules personnels en favorisant le partage des ressources, la mobilité partagée participe à répondre aux préoccupations des Français en matière d’écologie, en aidant par exemple à réduire les émissions polluantes de CO2.
Des incertitudes quant à la qualité des services et à la protection en cas de litige
Bien que présentant différents avantages pour les consommateurs qui en font usage, certains points négatifs sont cependant évoqués.
L’une des critiques adressées par les utilisateurs de ces services est celle d’une qualité qui n’est pas toujours au rendez-vous (41 %). Les opérateurs de services sont les garants de la qualité des services de mobilité proposés. Cela implique, par exemple, que les applications destinées aux utilisateurs fonctionnent parfaitement, que les véhicules soient toujours faciles à louer et à déverrouiller et, surtout, qu’ils soient disponibles là où la demande est forte et la mobilité nécessaire. Si l’utilisateur rencontre des problèmes techniques à ces points de contact, ces facteurs peuvent entacher la confiance des usagers dans ce type de services.
Le problème du manque de clarté en cas de litige semble également poser problème aux utilisateurs (33 %). De nombreux services de mobilité collaborative issus du secteur privé reposent en effet sur l’offre de plateformes dédiées, dont la mission est uniquement de faciliter la mise en relation des usagers. Comme l’évoque la première partie de notre étude, il peut en ce sens être parfois difficile pour un particulier de savoir à qui s’adresser si des problèmes sont rencontrés.
Un autre sujet de préoccupation majeur est également mentionné par ce groupe de consommateurs : celui de la conservation de données personnelles (31 %). Les services de mobilité génèrent en effet une quantité importante de données, incluant par exemple des données potentiellement sensibles sur la localisation précise de ses utilisateurs. En ce sens, les consommateurs sont de plus en plus soucieux du traitement de leurs données personnelles.
De nombreux produits et services dépendent des données fournies par les clients pour offrir des performances satisfaisantes et un service optimal.
Il est essentiel pour les entreprises qui les collectent de montrer clairement aux clients qu’ils peuvent leur faire confiance quant à leur protection. Si une politique claire de protection de données doit leur être accessible, en garantir la sécurité participe également à ce processus.
La mobilité partagée peut-elle concurrencer l’usage du transport personnel ?
Alors que le marché de l’automobile reste toujours en progression, la mobilité partagée peut-elle vraiment concurrencer ce secteur dans l’opinion des Français ?
Sur l’ensemble de nos participants, 86 % indiquent être en possession d’un véhicule personnel, quand 14 % disent ne pas en disposer. Il semblerait toutefois qu’une certaine prise de conscience s’opère auprès des propriétaires de véhicule personnel. Lorsque nous avons demandé à ces derniers s’ils étaient d’accord avec la déclaration suivante : “En raison des contraintes inhérentes à la possession d’un véhicule personnel (embouteillages, manque de places de stationnement, prix élevé de l’essence, etc.), je m’intéresse de plus en plus aux services de mobilité partagée” :
- 31 % se déclarent “plutôt d’accord” et 21 % “tout à fait d’accord”
- 11 % sont “plutôt en désaccord’ et 16 % “tout à fait en désaccord”
La conscience de l’impact économique et des contraintes logistiques liées aux modalités des transports traditionnels paraît ici jouer en faveur du principe de mobilité partagée.
Qu’en est-il pour le groupe des participants ne possédant pas de véhicule personnel ?
Lorsqu’il leur a été demandé de choisir l’affirmation qui leur correspond le plus, la partie de notre panel n’étant pas propriétaire de véhicule a mis en avant les déclarations suivantes :
- “Je n’ai jamais voulu acheter mon propre véhicule” (44 %)
- “Je veux acheter mon propre véhicule même s’il existe une large gamme de services de mobilité partagés” (25 %)
- “J’avais mon propre véhicule, mais je ne l’ai plus, car maintenant je peux utiliser les services de mobilité partagée.” (15 %)
- “Je voulais acheter mon propre véhicule, mais j’ai changé d’avis grâce aux services de mobilité partagée” (8 %)
Si l’idée de l’achat de véhicule personnel reste toujours présente à l’esprit des consommateurs, ils sont cependant 23 % de ce groupe de répondants à avoir renoncé à posséder un véhicule personnel en faveur des services de mobilité partagée.
Un impact environnemental considéré comme positif par les consommateurs
On peut toutefois observer une évaluation positive de l’ensemble des répondants quant aux perspectives d’un usage croissant de services de mobilité partagée et de leur impact bénéfique sur le facteur environnemental.
85 % de l’ensemble du panel affirment ainsi voir un fort potentiel de développement pour la mobilité partagée, 61 % étant “plutôt d’accord” avec cette affirmation et 24 % “tout à fait d’accord”.
Ils sont également 81 % à y voir une alternative viable pour réduire à l’avenir les problèmes de pollution, avec 55 % se déclarant “assez d’accord” avec cette affirmation et 27 % “tout à fait d’accord”.
Les services de mobilité ont donc bel et bien un rôle à jouer dans la reconfiguration des déplacements en voiture particulière, mais aussi dans l’amélioration des connaissances et de la confiance dans les alternatives durables.
La mobilité partagée, un élément clé pour l’évolution des transports
Le secteur de la mobilité partagée continue d’évoluer, porté par les innovations technologiques du secteur ainsi que l’intérêt du secteur public et des consommateurs.
S’il lui reste des défis à relever, comme celui de sa réglementation, de l’harmonisation de son expansion mais aussi de la qualité de son offre sur le territoire, ce secteur peut jouer un rôle clé dans la recherche de solutions aux défis à la fois écologiques et économiques à venir.
Effectuer une transition de la propriété vers un véhicule partagé peut non seulement contribuer à réduire certains frais de la vie quotidienne du consommateur, tout en ayant un impact positif sur la quantité d’émissions de carbone produites par l’accumulation des moyens de transport privés.
Bien que cette tendance en soit encore à ses débuts, elle représente également une opportunité pour les entreprises dans leur stratégie de durabilité. Alors que la mobilité évolue vers la multimodalité, ce principe est aussi un atout pour les employeurs désireux de soutenir des solutions de mobilité flexibles et plus responsables auprès de leurs employés.
Méthodologie
Pour collecter les données de ce rapport, Capterra a mené une enquête en ligne en octobre 2022 auprès d’un panel de 1003 consommateurs français. Ceux-ci ont été sélectionnés selon les critères suivants :
- Réside en France
- Âgé(e) de plus de 18 ans
- A su définir correctement le principe d’économie collaborative