Comme évoqué dans le premier volet de notre étude, le principe d’économie circulaire est une notion de mieux en mieux connue et soutenue par les Français. Mais ce modèle a-t-il pour autant un impact significatif sur leurs habitudes de consommation ? C’est la thématique que nous vous proposons d’explorer dans ce second article.

Dans cet article
- La seconde main, une pratique d’achat occasionnelle pour 80 % des Français
- Les marketplaces sont les marchés aux puces modernes
- Quand le marché de la seconde main profite au secteur du livre
- La lutte contre le gaspillage alimentaire est valorisée par les consommateurs
- Des motivations d’achat plus financières qu’écologiques
- Soucis de qualité et attrait du neuf constituent des freins à l’achat de biens d’occasion
- La seconde main est un moteur pour la promotion d’une économie circulaire
Comment combiner croissance économique, protection environnementale et prévention de la pollution ? Cette problématique constitue un enjeu de taille pour l’ensemble des acteurs économiques. Mais si les actions menées par les organismes gouvernementaux incitent les entreprises à inscrire leurs processus de production dans une démarche d’économie circulaire, la demande des consommateurs en matière de durabilité est aussi un facteur les invitant au changement.
En allongeant la durée de vie des biens, et répondant aux critères de l’économie circulaire, le marché de la seconde main est l’un des exemples de pratique permettant aux entreprises de se conformer à ces exigences. Qu’il s’agisse de proposer des produits informatiques reconditionnés, ou encore de faciliter l’achat de vêtements d’occasion, différentes propositions tendent à se développer.
Mais ce modèle a-t-il pour autant un réel impact sur les habitudes d’achats des consommateurs français ? Leur motivation pour y souscrire est-elle réellement liée à des préoccupations environnementales ? Autant de questions auxquelles notre étude consacrée à l’économie circulaire s’est attachée à répondre, en sondant l’opinion de 1010 consommateurs français en août 2022.
Une méthodologie complète est disponible à la fin de cet article.
La seconde main, une pratique d’achat occasionnelle pour 80 % des Français
En valorisant l’achat de biens d’occasion par rapport à celui de produits neufs, le marché de la seconde main propose une alternative de consommation s’inscrivant dans une démarche d’économie circulaire. De l’informatique en passant par l’ameublement et la mode, il existe à ce jour différents services physiques et en ligne dont l’utilisation se démocratise auprès des consommateurs.
Sur l’ensemble des participants à notre enquête, ils sont ainsi près de 80 % à avoir franchi le pas de la seconde main, 12 % indiquant cette pratique comme l’un de leur premier réflexe d’achat, quand 39 % la décrivent comme une activité occasionnelle, et 29 % la réalise de façon sporadique.

En revanche, 13 % se décrivent comme peu intéressés par ce modèle ; 7 % affirment l’envisager sans pour autant avoir procédé à ce type d’achats.
Les marketplaces sont les marchés aux puces modernes
Si l’achat et la vente de biens de seconde main n’est pas une nouveauté, l’essor du commerce en ligne semble lui avoir insufflé un nouvel élan. En effet, pour les répondants de notre étude qui ont effectué des achats de biens d’occasion, les marketplaces (62 %) et les applications spécialisées (43 %) se révèlent comme leurs options préférentielles.
Offrant un canal supplémentaire aux entreprises pour proposer leurs produits à un public plus large, les marketplaces représentent pour les consommateurs l’avantage de la diversité de l’offre à celui de la commodité. Si ce principe connaît déjà une certaine popularité pour l’achat et la vente traditionnelle de biens, ces mêmes atouts semblent également convaincre les consommateurs pour la recherche et l’acquisition de biens d’occasion.
Des articles de mode aux accessoires de puériculture, plusieurs applications proposent des produits spécialisés d’occasion.

Premiers acteurs traditionnels du marché de la seconde main, friperies, marchés aux puces ou encore brocantes semblent également faire partie des habitudes des acheteurs de biens d’occasion, 50 % effectuant leurs achats dans des boutiques, et 41 % sur des marchés.
Quand le marché de la seconde main profite au secteur du livre
Déjà populaire dans le secteur de la vente physique, le marché de la seconde main a pu s’appuyer sur la vente en ligne pour élargir son audience. Mais quels sont les biens d’occasion que les consommateurs préfèrent acquérir, aussi bien en ligne qu’en boutique ?
Pour y répondre, nous avons demandé aux participants de sélectionner les différents types de produits qu’ils achètent d’occasion.
Se distinguent notamment les livres (60 %), les vêtements (50 %), ainsi que les meubles (48 %), des secteurs déjà connus des consommateurs via des canaux de vente traditionnels. Ces domaines disposent également d’une offre en ligne auxquelles se sont mêmes jointes certaines marques proposant leurs propres plateformes de seconde main, à l’exemple du secteur de l’habillement.

Portée par la croissance des produits reconditionnés, la vente de matériel électronique fait aussi partie des secteurs plébiscités par les acheteurs de seconde main (36 % de nos répondants). Selon des chiffres mentionnés par Technplay, le marché des smartphones reconditionnés devrait par exemple à lui seul représenter un tiers du marché de la téléphonie mobile d’ici 2025.
La lutte contre le gaspillage alimentaire est valorisée par les consommateurs
Si l’achat et la vente de biens d’occasion font partie des initiatives d’économie circulaire, la lutte contre le gaspillage alimentaire représente également un enjeu majeur à l’échelle de l’Hexagone mais aussi de l’Europe. Selon les chiffres annoncés par le gouvernement français, ce sont près de 10 millions de produits par an qui sont jetés et gaspillés.
Du sauvetage des invendus en supermarché à la récupération de repas auprès de restaurants, plusieurs applications locales spécialisées ont vu le jour pour aider consommateurs et acteurs du secteur alimentaire à réduire le gaspillage.
Nous avons demandé à tous les répondants s’ils connaissaient ce type d’application, et s’ils avaient l’intention de s’en servir. Ils se révèlent ainsi être 24 % à utiliser ces solutions, tandis que 36 % déclarent les connaître sans les avoir encore utilisées.
24 % déclarent ne pas connaître ces services mais se disent intéressés par l’idée de les essayer. Enfin, 16 % affirment ni connaître, ni être intéressés par ces applications.

Pour évaluer l’implication potentielle des consommateurs dans ce type de pratique, nous avons également consulté ces mêmes répondants en leur posant la question suivante : “Si un restaurant ou un supermarché implémentait des mesures antigaspillage, quelles seraient les chances que vous vous y rendiez ?”
Un certain intérêt des personnes sondées est à observer, puisque 50 % d’entre elles ont déclaré “[être] t out à fait prêt[es] à devenir client[es] d’un établissement qui essaie de réduire le gaspillage alimentaire”. L’argument de la commodité reste toutefois mis en avant pour 37 % des consommateurs sollicités.

Les raisons qui amènent les consommateurs à soutenir ce type d’initiatives restent toutefois à identifier : qu’il s’agisse de soutenir le secteur de la restauration déjà mis à mal par la crise sanitaire, d’une véritable prise de conscience écologique, ou encore de la possibilité de bénéficier d’invendus encore consommables à prix réduits, différentes explications peuvent justifier la position des consommateurs interrogés.
En ce qui concerne les entreprises du secteur, ce sont plusieurs défis auxquels elles se retrouvent confrontées : prioriser la réduction des déchets alimentaires en cuisine pour des questions d’économie financière, mais aussi le réemploi des denrées pour limiter l’impact environnemental du gaspillage alimentaire en font partie.
Si les applications en ligne antigaspillage, qui proposent des pistes de solution en la matière, en sont encore à leurs prémices, la curiosité et l’intérêt des consommateurs semblent toutefois être au rendez-vous.
Des motivations d’achat plus financières qu’écologiques
Si le marché de l’occasion suit la tendance de durabilité qui a émergé à une échelle mondiale, et que 57 % de l’ensemble des participants à l’enquête se déclarent prêts à payer un peu plus pour des produits issus de l’économie circulaire, les raisons qui incitent les acheteurs à acquérir des biens d’occasion ne sont pas en premier lieu d’ordre écologique.
Lorsque interrogés sur les raisons principales qui les incitent à opter pour des biens de seconde main, une majorité de consommateurs effectuant ce type d’achats indiquent en premier lieu le souhait de faire des économies (40 %), tandis que le facteur de durabilité (15 %), ou encore la volonté d’allonger le cycle de vie de produits existants (14 %) apparaissent comme motifs secondaires.

La différence conséquente de prix souvent observée entre les produits d’occasion et les produits neufs reste en effet un facteur critique pour la croissance de ces segments au sein du marché de l’occasion. Le secteur du luxe en est une illustration probante, les consommateurs pouvant avoir accès à des articles dont le prix pourrait être prohibitif dans le cas de produits neufs.
Le facteur de la crise économique, combiné pour certains secteurs à l’impact du confinement, sont également des paramètres pouvant expliquer que les acheteurs se tournent vers l’occasion.
Soucis de qualité et attrait du neuf constituent des freins à l’achat de biens d’occasion
Bien que le marché de l’occasion ait connu une certaine croissance et dispose d’une certaine popularité, notamment auprès des jeunes générations, une partie des consommateurs français reste encore à convaincre.
Pour identifier les facteurs qui dissuadent les consommateurs d’acheter des articles d’occasion, nous avons demandé aux participants qui n’étaient pas intéressés par l’achat de produits d’occasion de citer jusqu’à trois raisons.

Les préoccupations liées à la qualité ainsi que la préférence pour l’achat d’articles neufs apparaissent comme les motifs principaux de cette réticence. Pour 58 % des consommateurs de cet échantillon, la préférence nette va aux produits neufs, alors que 57 % expriment des inquiétudes quant à la qualité et à la durée de vie des articles d’occasion.
Bien qu’ une garantie légale de 2 ans soit applicable pour ce type de produits, la question des politiques de retour est une raison également indiquée par 22 % des répondants réfractaires à l’achat de seconde main. Parce qu’ils sont par essence des produits ayant déjà été utilisés, ces biens semblent susciter la crainte de ne pas pouvoir bénéficier de conditions d’échange ou de renvoi aussi flexibles que pour des produits neufs.
Qu’il s’agisse de la méconnaissance de leurs droits ou de l’inexpérience de vendeurs particuliers sur certains canaux, de nombreux facteurs peuvent expliquer la réserve des consommateurs. Ces facteurs représentent des défis pour les acteurs de la seconde main, mais également pour l’adoption de pratiques d’économie circulaire.
Bâtir une relation de confiance avec des consommateurs passe par une communication claire autour des conditions qui entourent l’achat de vos produits.
Des outils peuvent vous aider à mettre en place les politiques de remboursement ou de retour associées à vos ventes, et à en garantir la conformité.
La seconde main est un moteur pour la promotion d’une économie circulaire
Si elle n’est pas la seule, l’achat et la vente en seconde main font partie des pratiques aidant à la transition vers une économie circulaire, en participant à prolonger la durée de vie de différents types de bien consommation.
Avec l’avènement des nouvelles technologies, le marché de l’occasion suscite l’intérêt des consommateurs et constitue un nouveau canal de vente pour les entreprises. Bien que les intentions d’achats des consommateurs ne soient pas toujours purement écologiques, ce système d’économie circulaire comporte différents avantages pour chacune des parties prenantes : une limitation du gaspillage des matières premières pour les entreprises, la possibilité d’acquérir des produits à un coût moindre pour les consommateurs, et l’instauration de pratiques répondant à une urgence globale en matière de préservation de la planète.
Méthodologie
Pour collecter les données de ce rapport, Capterra a mené une enquête en ligne en août 2022 auprès d’un panel de 1010 consommateurs français. Ceux-ci ont été sélectionnés selon les critères suivants :
- Résident français
- Âgé de plus de 18 ans
- A su définir correctement le principe d’économie circulaire