La pandémie a-t-elle modifié la perception et les habitudes des français quant au partage et à l’utilisation de leurs données personnelles ? Découvrez l’étude Capterra consacrée à ce sujet.

Utilisation des données lors de la pandémie

Face au COVID 19, les entreprises aussi bien que les institutions ont dû déployer des solutions digitales d’urgence pour répondre aux effets inattendus de la pandémie sur leurs opérations. Qu’il s’agisse du développement d’applications de santé pour le suivi des patients à distance, de la mise en place d’un système d’apprentissage en ligne, ou de l’adoption d’outils pour le suivi des employés en télétravail, diverses initiatives ont vu le jour pour monitorer l’évolution de la pandémie et coordonner les activités bouleversées par ce contexte particulier.

L’avènement du digital avait déjà amené les acteurs publics et privés à réfléchir sur  l’encadrement des données échangées avant la pandémie, comme l’illustre la loi de la RGPD adoptée en 2018.  La  période particulière de la crise sanitaire n’a pas été exempte de questionnements sur le sujet, notamment en ce qui concerne la place accordée aux technologies en matière de surveillance et de partage des données.

La pandémie a-t-elle eu un impact sur l’adoption des technologies d’identification personnelle telle que la biométrie ? Dans quelle mesure les Français sont-ils enclins à partager leurs données personnelles ? Quel est leur degré de confiance et leurs attentes  en la matière à l’issue de la pandémie ?

Voici les thématiques abordées par Capterra au sein de cette étude réalisée en deux volets auprès de 1422 Français, dont 716 ont été consultés pour cette première partie sur la façon dont la pandémie a pu influencer leur rapport aux technologies de surveillance. Une méthodologie détaillée de cette enquête est disponible à la fin de cet article.

L’effet de la pandémie sur l’adoption des techniques biométriques 

S’appuyant sur le fait qu’un individu puisse être reconnu pour ses caractéristiques physiques et comportementales uniques, les technologies biométriques permettent d’authentifier et d’identifier des personnes à partir de ces mêmes données.


Si ces technologies ont  été notamment utilisées par les institutions publiques, comme pour la protection de documents personnels tels que les passeports biométriques en vigueur depuis 2009, son application s’est également étendue aux activités commerciales, impliquant une législation spécifique sur les limites d’exploitations des données qui y sont rattachées.

En quoi consiste les technologies de biométrie et la pandémie a-t-elle eu une influence sur leur utilisation par les Français ?

Qu’est-ce que la technologie de biométrie ?

Employée pour prévenir les risques de fraude de documents, de vol d’identité, mais également les problématiques de cybercriminalité, les technologies biométriques font partie des solutions technologiques de lutte dans ce domaine.

Basée sur les caractéristiques biologiques et comportementales unique des individus, elle permet notamment d’identifier et d’authentifier les personnes sur une base fiable et rapide.

Deux types de mesures sont prises en compte par ces technologies :

  • des mesures comportementales (reconnaissance vocale, de la gestuelle, ou encore de la vitesse de frappe sur un clavier d’ordinateur)
  • des mesures physiologiques d’ordre morphologique (empreintes digitales,  réseau veineux ou encore la forme du visage) ou biologique (ADN, salive, ou sang) S’appuyant donc sur une ou plusieurs de ces mesures, les technologies biométriques donnent lieu à deux méthodes : la vérification et l’identification.
Méthodes de comparaison biométriques

Si les applications de la biométrie pouvaient être associées auparavant à des domaines tels que le domaine militaire pour sécuriser certains sites et données sensibles, les technologies de biométrie sont désormais disponibles auprès du grand public.

Qu’il s’agisse de déverrouiller son smartphone à l’aide de ses empreintes digitales, ou encore d’attester de son identité par la photographie de son visage en effectuant une réservation en ligne, la biométrie s’est désormais introduite dans les habitudes de plusieurs utilisateurs.

Toutefois, et en raison du type de données personnelles qu’elles collectent, les technologies biométriques tendent à mettre en lumière des points de préoccupation : les risques de piratages pouvant amener à l’exposition des individus ou encore un usage à des fins de surveillance non encadrée sont parmis les questionnements soulevés.

Quel usage les Français font-ils des technologies biométriques ?

Parmi les consommateurs interrogés, ils sont 47 % à avoir déclaré utiliser régulièrement la technique d’empreinte digitale. 38 % d’entre eux spécifient en revanche n’avoir eu recours à aucune des autres technologies parmi les plus courantes mentionnées par notre étude.

Type de technologies biométriques utilisées par les Français

En ce qui concerne le type d’activités pour lesquelles sont employées les technologies biométriques, armi ceux qui ont déclaré utiliser régulièrement au moins une des méthodes biométriques mentionnées, ils sont près de 74 % à les utiliser pour le déverrouillage sécurisé d’un appareil tels que les smartphones. Les opérations bancaires font partie du second type d’activités mentionnées par 33 %, quand les contrôles d’identités ne sont citées qu’en troisième position par 28 % des sondés. 

Types d’activités pour lesquelles les technologies biométriques sont utilisées par les Français

Toutefois, le facteur pandémique semble avoir joué un rôle limité dans l’adoption de ce type de technologie. Par exemple, l’utilisation de la biométrie par empreinte digitale, qui a été citée comme la technologie la plus utilisée par les utilisateurs, était déjà adoptée par 62 % d’entre eux avant la pandémie, alors que seulement 12 % déclarent avoir commencé à l’utiliser après la pandémie. 

Comparaison de l’utilisation de l’empreinte digitale aux différents stades de la pandémie

Cette technologie paraît également faire figure d’exception en matière de popularité lorsqu’on la compare aux autres technologies biométriques disponibles. C’est en effet une majorité d’utilisateurs qui déclare ainsi n’avoir pas ou jamais eu recours à ces outils, parmis lesquels étaient évoqués les suivants :

  • DNA (87 %)
  • Scanner des veines (86 %)
  • scan de l’iris (81 %)
  • scan de la main (78 %)
  • Scan du de la voix (70 %)
  • Scan de du visage (42 %)

Le partage des données biométriques est-il un sujet d’inquiétude ?

Une méconnaissance des conditions de partage des données biométriques

Si près de 42 % des consommateurs qui utilisent régulièrement la technologie biométrique  indiquent avoir connaissance de la possibilité du partage des informations biométriques auprès d’un tiers, ils sont une majorité de 58 % à ignorer toutefois l’existence de cette réalité. 

58 % des français ignorent les conditions de partage des données biométriques

Si en effet la législation interdit le traitement des données biométriques en vertu de l’article 9 du RGPD, certaines situations, quoique réglementées, ne sont pas soumises à ces conditions. Lorsque par exemple le consentement d’une personne a été donné de façon explicite, comme par le biais de l’acceptation des termes et conditions d’utilisation d’un site ou d’une application, ce type d’informations sensibles peut être susceptible d’être partagé.

Conseils pour les PME :  La mise en application de la RGPD présente de nombreuses opportunités pour les PME. Outre la mise en conformité avec le cadre légal en cours, elle permet également de renforcer la confiance de vos clients dans la façon dont leurs données sont collectées. Il est donc primordial de veiller à rendre vos politiques de partage des données explicites pour ces derniers.

Le secteur privé suscite la réserve des français

C’est à l’égard du secteur privé que les personnes interrogées semblent exprimer le plus de réserve : si 18 % d’entre elles s’avèrent assez voire très à l’aise avec le fait que leurs données biométriques soient partagées avec d’autres compagnies, elles sont près de 58 % à communiquer être peu voire mal à l’aise avec cette idée. 

Évaluation des Français quant au partage de données avec d’autre entreprises

Elles sont également 47 % à déclarer ne pas souhaiter partager des données biométriques personnelles impliquant des technologies telles que le scan du visage, les empreintes digitales ou encore la reconnaissance vocale avec des entreprises privées.

Évaluation par les Français du partage de leurs données avec d'autres entreprises

Des craintes quant à la sécurité et à la protection de la vie privée

Bien que l’usage des technologies biométriques paraisse limité au sein de la population française, certaines pistes de réflexion peuvent être évoquées au regard des réponses du panel interrogés.

Lorsque Interrogés sur “q uelles sont vos préoccupations, le cas échéant, concernant l’utilisation des technologies biométriques ? Sélectionnez toutes les réponses applicables”, ils ne sont que 19 % à déclarer ne pas être préoccupés par les conséquences de l’utilisation des données biométriques.

Parmi les quatre raisons principales d’inquiétudes quant à ces technologies figurent :

  • Les violations de données suite à la perte ou le vol de données biométriques (46 %)
  • La mauvaise utilisation des données biométriques (44 %)
  • La possibilité d’usurpation d’identité (43 %)
  • La réduction de la vie privée (36 %) Comme soulignée par les répondants, la question de la sécurité des données reste au centre des préoccupations des français, qu’il s’agisse des données biométriques ou plus conventionnelles. Alors que Gartner prévoit un volume de plaintes pour atteinte à la vie privée liées aux informations biométriques et aux systèmes cyber-physiques dépassant les 8 milliards de dollars d’ici 2025 (article en anglais),  58 % des répondants se déclarent même assez, voire beaucoup plus préoccupés par les risques de piratages de leurs données depuis la pandémie.

Secteur public ou privé : à qui les Français accordent-ils leur confiance ?

Outre les données biométriques, différents types d’informations personnelles sont à ce jour utilisées et traitées aussi bien dans un cadre économique global que dans celui de la surveillance sanitaire. Quels sont donc les secteurs favorisés par les Français en matière de gestion et de traitement des données personnelles ?

Les sondés semblent se prononcer en faveur du secteur public dès lors qu’il s’agit de partager des informations liées à des documents d’identité tels que les passeports. Ils sont 40 % à se déclarer assez voire très à l’aise dans cette situation, contre seulement 38 % s’avouant peu voire mal à l’aise dans le même cas. En revanche, près de 55 % sont en peu ou très mal à l’aise pour le même scénario appliqué à des entreprises privées.

Cette tendance s’applique à plusieurs sphères d’informations personnelles gérées par le secteur privé, comme le partage d’informations de premier degré (nom, adresse, date de naissance)  48 % des répondants se déclarant assez voire très à l’aise, mais enregistrant un score inférieur à celui du domaine public, pour lequel  54 % des répondants indique être également assez voire très à l’aise pour ce type de gestion.

Les institutions privées et publiques restent cependant peu voire pas plébiscitées dès lors qu’il est question de données biométriques : 46 % des sondés déclarent être un peu voire très mal à l’aise lorsqu’il s’agit d’une gestion effectuée les institutions publiques sur le sujet, tout comme 56 % d’entre eux pour le secteur privé.

Qu’attendent les Français en matière de partage des données ?

Si la pandémie de la Covid-19 a pu être à l’origine de nouvelles habitudes des Français quant à leur consommation ou encore à leur modèle de travail, elle semble avoir également renforcé leur attachement à l’intégrité de leurs données personnelles.

D’après notre enquête, ils sont 55 % à accepter de partager des informations sous réserve de l’application de certaines conditions, quand  28 % s’y refusent catégoriquement et que 8 % sont incertains. Seuls 9 % d’entre eux ont déclaré pouvoir accepter ce partage sans aucune condition spécifique.

Parmi les consommateurs qui ont indiqué qu’ils pouvaient accepter le partage d’informations sous certaines conditions, 51% ont souligné l’utilisation d’une charte informant sur les informations collectées et 54% ont mentionné une déclaration expliquant clairement comment ces mêmes données sont utilisées.

Les conditions selon lesquelles les Français accepteraient de partager leurs informations

La demande excessive d’informations personnelles telles que le nom ou l’adresse fait en revanche partie des éléments incitant à refuser le principe d’un échange de données (48 %) tout comme le manque de transparence sur l’utilisation des données (44 %).

La transparence et la confiance favorisent l’échange de données

Si la crise de la Covid 19 a pu être un vecteur d’accélération vers la transition numérique, avec la possibilité pour de nombreuses PME d ’élargir leur activité en ligne, elle a avant tout donné lieu à une conscience accrue des Français quant au traitement, au contrôle et au partage de leurs données.

Alors qu’ils ont été encouragés par l’État et les entreprises à partager plusieurs informations personnelles dans le but de lutter contre la pandémie, les Français ont pu faire part de leurs exigences en matière de protection des données mais aussi de leurs craintes en matière de violation potentielle.

Pour les entreprises, opérer la collecte et le traçage des informations personnelles ne relève donc pas uniquement d’une simple mise en conformité avec des législations telles que la RGPD. Être transparentes quant à leurs pratiques de protection et de gestion des données tout en offrant un haut niveau d’information à leur audience peut les aider à  gagner la confiance de leurs prospects et à se distinguer ainsi de la concurrence.

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Méthodologie :

Pour collecter les données de ce rapport, nous avons mené une enquête en ligne en février 2022 en deux volets. L’enquête a été envoyée à 1422 participants dont 716 consommateurs ont été sélectionnés pour y participer. Les critères de sélection des participants sont les suivants :

  • Résident français
  • Âgé de plus de 18 ans
  • Ayant réalisé une activité en ligne sur les 12 derniers mois