Télémédecine : 72 % de Français restent à convaincre

Publié le 20/05/2021 par Caroline Rousseau

Dans un précédent article sur la télémédecine, nous évoquions tous les aspects inhérents à cette méthode de consultation médicale à distance. La possibilité de s’entretenir avec un spécialiste hors de sa région, d’obtenir une ordonnance en ligne, tout en faisant l’économie d’un déplacement, tout ceci est possible grâce aux logiciels de télémédecine. La téléconsultation permet du côté des praticiens de réguler l’afflux de patients dans leur cabinet, limitant ainsi les risques de contagion.

En 2021, après plus d’une année de pandémie, quelle place la télémédecine s’est-elle faite en France ? À quel point les Français l’utilisent-ils ? L’ont-ils adoptée ou y sont-ils réticents, et pour quelles raisons ? Capterra a interrogé 1 017 Français sur leur vision de la télémédecine aujourd’hui et pour l’après-pandémie. Vous trouverez la méthodologie détaillée de l’enquête en fin d’article.

Les habitudes médicales des répondants à notre enquête

47 % des répondants à notre enquête affirment être en mesure de se rendre à pied à un cabinet médical. En revanche, pour 35 % des répondants, la distance est telle qu’ils doivent s’y rendre en voiture (du moins chez leur praticien de référence).

Niveau fréquence de consultation, 9 % de nos répondants déclarent se rendre habituellement chez le médecin tous les mois, 34 % au moins une fois tous les trois mois, 29 % au moins une fois tous les six mois et 28 % au moins une fois par an.

Lors de notre sondage, 89 % des répondants affirment avoir consulté un professionnel de santé au cours des six derniers mois.

Depuis le début de la pandémie, 20 % des personnes interrogées affirment s’être rendues chez le médecin moins souvent que d’ordinaire, tandis que 12 % ont consulté plus souvent. Ces variations peuvent s’expliquer, d’un côté par la hausse des consultations pour des symptômes liés au COVID-19 et, d’un autre côté, par le report ou l’annulation de rendez-vous pour des raisons de surcharge de cabinet ou de crainte d’être en contact avec le virus.

À quel point a-t-on déjà eu recours à la télémédecine ?

De ces deux groupes de répondants (28 % qui ont déjà consulté à l’aide de la télémédecine et 72 % qui ne l’ont jamais essayée), il ressort deux principaux constats : ceux qui l’ont essayée l’ont adoptée et ceux qui n’ont jamais téléconsulté semblent peu enclins à vouloir s’y essayer.

Certains avantages et circonstances pourraient malgré tout vaincre certaines réticences.

Les patients ayant essayé la télémédecine continueront de l’utiliser à l’avenir

Parmi les répondants ayant déjà fait l’expérience d’une téléconsultation, 89 % affirment que ce fut leur toute première consultation en ligne et que celle-ci a été effectuée pendant la pandémie. Pour 35 % la consultation était liée à des symptômes semblables à ceux du COVID-19. Pour 65 % des répondants, la consultation concernait d’autres situations ou symptômes.

62 % ont ainsi téléconsulté un médecin généraliste. Dans une moindre mesure, les autres praticiens les plus consultés par ce biais comprennent les spécialistes en médecine interne (11 %), les psychiatres (9 %), les gynécologues (9 %) et les dermatologues (7 %). 

Les répondants affirment avoir fait appel à la télémédecine dans les contextes suivants :

  • 36 % pour une première consultation,
  • 34 % pour une consultation au sujet d’un traitement ou d’une prise de médicament, 
  • 30 % pour un suivi après un premier rendez-vous sur place. 

La télémédecine prouve sa légitimité dans ces cas de figure où un déplacement n’est, dans l’absolu, pas nécessaire. 78 % affirment d’ailleurs qu’ils n’ont pas eu à demander une deuxième consultation, ni en ligne, ni sur place, leur problème ou doute ayant été réglé à la suite de cet échange. Seuls 7 % disent avoir dû demander un deuxième rendez-vous, cette fois en présentiel, pour un examen physique.

L’économie de temps et d’énergie est le principal avantage de la télémédecine

À l’instar du télétravail et des outils de visioconférence qui permettent d’effectuer des réunions à distance, la téléconsultation pourrait bien forger de nouvelles habitudes et améliorer la qualité de vie.

Les avantages constatés après téléconsultation sont les mêmes que ceux qui ont poussé les patients à y recourir : 47 % plébiscitent l’accès à un diagnostic et l’obtention d’une ordonnance depuis le confort de leur domicile, ainsi qu’un délai pour obtenir un rendez-vous réduit et un risque de contagion évité. De plus, 41 % apprécient avoir pu attendre leur tour chez eux plutôt que dans une salle d’attente.

Une majorité déclare en tout cas que la télémédecine pourrait intégrer leurs habitudes sur le long terme :

14 % considèrent d’ailleurs qu’ils se tourneront spontanément plus souvent vers la télémédecine, tandis que 56 % continueront d’y faire appel autant qu’aujourd’hui.

Reste que les deux inconvénients les plus cités sont ceux contre lesquels le concept de télémédecine ne pourra pas grand chose : l’impossibilité de mener un examen physique poussé (64 %) mais également un certain inconfort ressenti lors d’une interaction par écran interposé : 34 % se sentent plus à l’aise face à leur médecin.

72 % de Français n’ont encore jamais fait l’expérience de la télémédecine

72 % de l’ensemble des répondants n’ont jamais eu recours à la télémédecine ; un chiffre qui peut s’expliquer par des raisons aussi diverses qu’un certain manque d’informations (recherche et choix d’un médecin proposant la téléconsultation, maîtrise d’une plateforme en ligne ou d’un appareil…), le besoin essentiel d’un examen physique pour certaines pathologies, le fait qu’il y ait suffisamment de cabinets médicaux dans les zones urbaines ou encore un certain scepticisme face à un diagnostic prodigué à distance.

Ceci étant, une bonne moitié ne se désintéresse pas du concept : 46,5 % ne sont pas contre l’utiliser et en apprécieraient le côté pratique (pas de déplacement, moins d’attente) et/ou la possibilité de réduire les risques de contagion. 

Les patients sont plus à l’aise lors d’une consultation en personne

53,50 % campent sur leur position et ne comptent pas l’utiliser à l’avenir pour des raisons plus ou moins tangibles ; certains préféreront toujours l’intimité d’une consultation en face à face (67 % des répondants) quand d’autres déclarent simplement que leur médecin de référence ne propose pas la téléconsultation (31 %) :

Si, enfin, 46 % affirment que “rien ne pourrait [les] convaincre” d’utiliser la télémédecine, il reste une marge de manœuvre pour faire changer d’avis les autres personnes interrogées, notamment dans le cas où aucun autre moyen de consulter un praticien en particulier n’est disponible (35 %).

Néanmoins, parmi l’ensemble des répondants, qu’ils aient ou non fait l’expérience de la téléconsultation, une majorité reste quelque peu dubitative sur la fiabilité des diagnostics à distance : 73 % estiment qu’un tel diagnostic est moins précis qu’une consultation en personne.

Il faut cependant relever que, dans le contexte particulier de la pandémie, un certain cas de conscience fait toutefois se poser la question : est-il vraiment raisonnable, aux premiers symptômes, de se rendre dans un lieu public où l’on pourrait contaminer davantage de personnes a priori fragilisées, ou être contaminé.e soi-même ?

En ce sens, 42 % des répondants ne savent pas avec certitude quel comportement ils adopteraient et n’opposent pas un refus ferme d’utiliser la télémédecine.

Les nouvelles technologies au service de la santé

45 % ont effectué une téléconsultation grâce à leur ordinateur, 45 % à l’aide d’un smartphone et 10 % en utilisant leur tablette. Pour 64 %, la consultation a été menée via une application de visioconférence médicale et pour 23 %, par appel téléphonique.

Outre le dossier médical électronique qui est devenu pratique courante, voici certains aspects périphériques de la télémédecine, notamment en ce qui concerne l’administratif et la gestion :

Les pharmacies peuvent également s’équiper de cabines de téléconsultation : il s’agit de bornes équipées d’une caméra, d’un écran ainsi que d’appareils pour mesurer la tension, la température, etc. Les patients peuvent s’en servir de manière autonome ou avec l’aide d’un pharmacien, parfois même sans rendez-vous.

Pour plus d’informations, notre article “Qu’est-ce que la télémédecine ?” explique les principales caractéristiques des outils de télémédecine, ainsi que les différents types de logiciels de gestion utilisés dans le secteur médical.

Quelques données à travers le monde

Si l’on compare les résultats de la France avec les autres pays où l’étude a été menée (Allemagne, Australie, Pays-Bas, Royaume-Uni), nous nous situons derrière les pays anglo-saxons en ce qui concerne le nombre de personnes ayant déjà eu recours à la télémédecine : 28 % en France contre 54 % au Royaume-Uni et 53 % en Australie. En Allemagne, seules 17 % des personnes interrogées l’ont utilisée.

Seuls 56 % des Britanniques et 53 % des Néérlandais interrogés ont trouvé cette consultation suffisante et affirment avoir dû reprogrammer un rendez-vous (en ligne ou présentiel) contre 78 % des Français pour qui une seule téléconsultation a suffi.

Côté technologie, on constate aussi quelques différences : si les Français consultent à parts égales sur smartphone et ordinateur, 81 % des Australiens et 77 % des Britanniques téléconsultent via smartphone.

Globalement, tous s’accordent à dire qu’ils utiliseront la télémédecine plus souvent à l’avenir : la France est en tête avec 72 % de répondants, suivie par les Pays-Bas et 68 % de répondants, et 67 % des Allemands interrogés.

La télémédecine s’inscrira-t-elle dans les mœurs ?

Lorsque l’on enquête sur l’utilisation de la télémédecine, le lieu de résidence est un aspect qui joue parfois sur la propension à se tourner vers la télémédecine. Une personne habitant un centre urbain, avec un éventail de praticiens à proximité, n’aura pas les mêmes habitudes que quelqu’un vivant dans un désert médical.

Preuve que la télémédecine commence à prendre doucement ses repères dans le quotidien des Français, 30 % des personnes interrogées affirment que c’est un critère important au moment de choisir un nouveau praticien, tandis que 49 % estiment qu’elles prendront peut-être cet aspect en compte, même si cela n’est pas le plus important.

Si le concept de télémédecine n’est pas nouveau en soi (les consultations téléphoniques à des fins médicales existent depuis longtemps), son accélération a pu se faire grâce à l’Internet à haut débit, la possibilité pour le plus grand nombre de posséder un ordinateur et/ou un smartphone et la normalisation de la vidéo pour ses appels quotidiens/informels.

Vous souhaitez en savoir plus ? Consultez notre catalogue de logiciels de télémédecine pour découvrir davantage de produits.

Méthodologie

Pour collecter les données de ce rapport, Capterra a mené une enquête en ligne en avril 2021 auprès d’un panel de 1017 Français. Ceux-ci ont été sélectionnés selon les critères suivants : ayant plus de 18 ans, résidant en France, et ayant consulté au moins une fois un professionnel de santé au cours des 12 derniers mois. Ils sont tous issus de divers secteurs d’activité.

Cet article peut faire référence à des produits, programmes ou services qui ne sont pas disponibles dans votre pays, ou qui peuvent être limités par les lois ou règlements de votre pays. Nous vous suggérons de consulter directement l'éditeur du logiciel pour obtenir des informations sur la disponibilité du produit et le respect des lois locales.

À propos de l'auteur

Caroline est analyste de contenu spécialisée dans les tendances et enjeux des nouvelles technologies dans l'univers professionnel. Passions : Albert Camus, l'art, les énigmes.

Caroline est analyste de contenu spécialisée dans les tendances et enjeux des nouvelles technologies dans l'univers professionnel. Passions : Albert Camus, l'art, les énigmes.